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Causons derechef
27 décembre 2023

2023 s'éloigne...

Il est temps de faire le bilan de cette année, où ce qui me frappe en premier lieu c'est le nombre de plus en plus réduit de textes. Explication noble : un détachement du monde plein de sagesse à la veille de le quitter, explication plus plausible : un affaiblissement intellectuel qui voit la source se tarir. Lié à cela, un moindre intérêt pour la politique et la société dans laquelle je vis. Je n'ai même pas commenté cette loi sur l'immigration qui a fait grand bruit et la loi sur les retraites seulement par la bande (si j'ose dire, voir plus bas), ni n'ai parlé des deux guerres qui mettent le monde en danger. Tout ça va finir en remembrances du vieillard idiot...

  Commençons par le cinéma qui tient dans ma vie une place de plus en plus grande. J'ai fait, ce que je devrais faire plus souvent, une critique express de tous les films sortis dans la même semaine. Heureusement que je suis à Paris où les nombreuses salles d'art et d'essai repassent des classiques (au sens large du terme, certains sont très révolutionnaires dans la forme), sinon je resterais sur ma faim vu le nombre de films débiles qui sortent chaque mercredi. Du reste je revois, de la même façon que je relis. Pour les films comme pour les livres le filtre du temps est essentiel. Je ne veux pas passer les quelques années qui me restent à aller voir des navets ou à lire les prix littéraires en septembre.

  Dans la rubrique "société", je n'ai pu échapper au grand évènement de 2024 : les Jeux olympiques. Passons sur la défense ardente des bouquinistes que je ne savais pas si populaires alors que le goût du lucre a transformé certaines de leurs boîtes en bazars pour touristes du Middle West ou de Pékin. Il n'en reste pas moins que j'exige qu'on laisse ces boîtes à leur place, dussent les touristes monter sur les épaules les uns des autres pour voir la grande parade (qui rappelle fâcheusement mutatis mutandis le défilé du 14 juillet 1989 sur les Champs. Du reste j'ai fermement mis en garde nos visiteurs sur ce qui les attend : transports poussifs, taxis voleurs, arnaques à tous les coins de rues, hôtels hors de prix, agressions à Saint-Denis et ailleurs. Vous voilà avertis, messieurs les étrangers, vous n'irez pas vous plaindre ensuite à votre consulat. Autre fait social d'importance, "l'affaire de Crépol". S'est-il agi d'une simple bagarre de bal de campagne (mais il y a de moins en moins de bals et donc de bagarres) ou d'un affrontement entre jeunes de la ville,avec cette particularité qu'ils sont descendants d'immigrés et jouent volontiers du couteau, et campagnards relégués. La tentative du gouvernement de mettre l'affaire sous le boisseau a tourné court et envenimé les choses entre manifestations et contre-manifestations. Sommes-nous arrivés à ce moment que prédisait le défunt maire de Lyon où ceux qui étaient côte-à-côte se retrouvent face-à-face? Va-t-on dans nos campagnes entendre mugir une jeunesse mal dans sa peau et féroce?

   La politique se résume pour l'année à la question des retraites qui, il est vrai, nous a tenus en haleine pendant des mois. Si j'en ai fait une analyse rapide façon Geneviève Tabouis (les boomers verront de qui je parle), je l'ai surtout traitée par-dessus ou par-dessous la jambe, je ne sais trop. En tout cas cela m'a permis d'introduire un peu de sexe dans cette année sinistre. Un grand bourgeois catholique a montré le héros de son roman la langue pendante devant sa partenaire prise à l'envers et "dilatée", "dilaté" est devenu une sorte de cri de guerre pour une opposition malmenée et un peu coincée. Quant à la belle Marlène elle a étalé dans "Playboy" tous ses charmes, et elle n'en manque pas la bougresse! le bon peuple n'avait d'yeux que pour elle, et pendant ce temps, passez muscade.

  Le reste ? Des souvenirs en pagaille, la grande régression. Je suis remonté jusqu'à ma (ou plutôt mes) première communion en 1960, à la campagne, dans une famille peu pratiquante mais qui, sinon les sacrements, ne mettait pas en doute les usages. L'essentiel restait l'école et je me souviens encore avec nostalgie de la salle de classe avec ses cartes, ses tables avec encrier, l'instituteur avec sa belle écriture au tableau noir, les classes qui débutaient avec une leçon de morale illustrée par un exemple, le poële à charbon...Puis ce fut le lycée et l'expérience de l'internat avec ses pions sadiques (pas tous) et j'ai suivi paresseusement ma pente, fac de lettres et professorat pour lequel je n'avais pas la vocation, mais où je ne me suis pas ennuyé et espère n'avoir pas ennuyé les élèves. Les 20 dernières années je me suis reposé au CDI avant d'arriver à la retraite qui fut une coupure totale : mon désintérêt pour les problèmes d'éducation est devenu abyssal, ou presque (disons, à ma décharge, que je n'ai pas eu de progéniture). Il me reste les livres, les films et un peu les voyages. Parmi ces souvenirs une ville, la Ville, Rome que j'ai tant fréquentée au point de m'y croire presque chez moi. Mais on se détache de tout : des années que je n'y ai pas remis les pieds et il est probable que je ne les remettrai jamais.

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