Rome, unique objet...
Je me suis encore agacé hier en entendant les journalistes se gargariser de urbi et orbi, puis les souvenirs ont remonté...J'ai dû assister une ou deux fois à la bénédiction pontificale sur la place Saint-Pierre à l'orée des années 70. Il n'y avait probablement pas 100 000 personnes comme on le prétendait hier, mais une foule nombreuse, très majoritairement italienne avec un fort contingent de touristes et de bonnes soeurs polonaises ou philippines. Mieux encore, j'ai assisté au chemin de croix au Colisée la nuit du Vendredi saint, spectacle nocturne plus impressionnant. C'était sous le pontificat de Paul VI, 4 papes sont passés depuis...tempus fugit, comme ne manqueront pas de dire les journalistes. Quatre ans de suite, je suis allé à Rome à Pâques avant d'être appelé sous d'autres cieux. L'affaire avait été lancée par l'institut de latin de la fac qui avait obtenu des subventions pour ce voyage afin que nous nous frottions à ces antiquités romaines que nous étudiions. Nous voilà donc partis, un groupe d'une dizaine de jeunes gens et jeunes filles cornaqués par une assistante, presque aussi jeune que nous et très belle dont je tombai aussitôt amoureux. Nous étions logés dans une pension spécialisée dans l'accueil des groupes d'étudiants assez éloignée du centre, ce qui fait que très vite les bus romains nous devinrent familiers. Nous étions tout le temps par monts (il y en a 7...) et par vaux : le forum, le Colisée, les forums impériaux, le Palatin où, bravant les risques de chute, je cueillis quelques fleurs pour ma prof. Nous avons fait aussi une ventrée d'églises baroques, fréquenté une rôtisserie sur le largo Argentina qui venait juste d'ouvrir, "Il delfino" (je me demande si elle existe encore), contemplé les chats dans les ruines des temples voisins, cherché les meilleures pizzas et gelati de la ville, pris le métro pour l'EUR, fait un saut jusqu'à Ostie... Nous allions aussi au cinéma en dépit de notre quasi-ignorance de la langue et je me souviens encore du titre de La fiancée du pirate de Nelly Kaplan devenu Alla bella Serafina piaceva far l'amore sera e mattina. Des vacances merveilleuses qui nous donnèrent envie de recommencer. Ce que nous avons fait les 3 années suivantes, mais cette fois nous sommes descendus en voiture à deux ou trois. Nous logions soit dans de modestes pensions, soit au camping de Monte Antenne à peu près vide à cette période de l'année et dont la route d'accès était jalonnée de feux de caisses allumés par des prostituées. Nous retournions sans nous lasser dans les mêmes lieux, mais mes souvenirs sont moins vifs et précis : tous les printemps se ressemblent sur le Palatin. Je me rappelle toutefois que nous étions très fiers de notre connaissance de la Ville que nous sillonnions en voiture avec aisance. Puis il arriva une année que le rituel pélerinage à Rome fut remplacé par un voyage en Sicile et enfin "la vie nous sépara". Parti au loin, je fus 10 ans avant de retourner en Italie et je ne suis pas sûr d'être allé à Rome cette année là. J'y suis revenu toutefois de temps à autre, mais rarement et ne retrouvant pas vraiment le passé. Il me reste une image de la dernière fois où j'y suis allé (en avion!).Mon dieu, je crois bien que c'était il y a 10 ans) : les arbres de Judée en fleurs dans toute la ville. Et souvent je me dis que c'etait vraiment la dernière fois, une ville que j'ai tant aimée pourtant...