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Causons derechef
2 octobre 2021

Zemmour et Coluche

Zemmour par-ci, Zemmour par-là, Zemmour qui fait la couverture des hebdos seul ou en galante  compagnie, Zemmour à la télé, "redoutable débatteur" ou sujet préféré des journalistes affamés d'audience, Zemmour qui se prend pour Jeanne d'Arc ou le général De Gaulle et avant tout pour Charles Martel. Zemmour, Zemmour, Zemmour. Et ne voilà-t-il pas qu'il "fait une percée dans les sondages" : avec ses 15% il dépasse le charismatique Bertrand, talonne Marine qui baisse pavillon et menacerait presque notre leader bien-aimé (quo non ascendet!). La France tremble. Enfin, la France, disons tous ceux (pardon, celles et ceux) qui rêvent d'une société inclusive, fraternelle, multiculturelle, largement ouverte sur le monde et sa diversité. Eh bien, j'aimerais les rassurer, car j'ai eu une illumination : la candidature Zemmour ressemble par certains côtés à celle de Coluche en 1981, et on sait à quoi celle-ci a abouti.

Vous n'avez pas connu ça, jeunes nigauds. En ce temps-là la France s'ennuyait sous Giscard, et on s'apprêtait à lui servir sur un plateau à la présidentielle 2 candidats exaltants : Giscard, l'Auvergnat chuintant, et un vieux cheval de retour de la IVème. Le pays était coupé en deux, Coluche décida de le plier en quatre en se portant candidat à la suite d'une réunion dans un café avec une chouette bande de copains, où visiblement on avait beaucoup bu et fumé. Il se présenta donc sur une scène en queue de pie avec une écharpe tricolore par-dessus sa légendaire salopette. Il lança un appel aux "fainéants, crasseux, drogués, taulards, gouines, Noirs, Arabes...". Pas très zemmourien, me direz-vous. Certes, mais ce n'est pas le message qui compte. Insensiblement la farce glissa à la contestation politique sous l'influence de ses soutiens intellos (Zemmour en a aussi, mais ils se cachent) : Bourdieu, Guattari qui se mêlèrent à Nicoud (gilet jaune de l'époque) ou Sardou, et aussi de journaux comme feu "Le matin" et "Libé". On commença à le faire figurer dans les sondages, et sa progression fut fulgurante : 10% en novembre, 12 puis 16% en décembre (mieux que Zemmour...). Coluche commença vaguement à y croire et esquissa même avec ses conseillers un vague programme tres gauchiste. Il subit vraisemblablement des pressions car on commençait à s'inquiéter en haut lieu, mais surtout la chose l'ennuya, il finit par retirer sa candidature, qui du reste n'avait recueilli que très peu de signatures, et appela à voter Mitterrand. Sérieux ou dérision ne changent rien, la candidature d'un homme  sans programme, sans parti, est appelée à s'effondrer.  Un peu de patience et vous verrez le polémiste saisi par l'ivresse du pouvoir plonger dans le sondages et se consoler en écrivant un nouveau pavé pour le salut de la France. Comme Coluche avait gardé ses spectateurs, il gardera ses lecteurs jusqu'à ce que son ressassement les lasse, mais le pouvoir, jamais.

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