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Causons derechef
9 septembre 2021

Belmondo au Panthéon!

J'aimais bien Belmondo, enfin, pas plus que ça. Je me rappelle sa mort rue Campagne-première dans A bout de souffle et - bien plus belle - la scène finale de Pierrot le fou où il se fait littéralement sauter le caisson avant le long travelling sur la Méditerranée et le poème de Rimbaud "Eternité". Au début du film il lisait dans sa baignoire à une petite fille un texte d'Elie Faure :"Velasquez peignait les soirs...". Je ne vais pas vous raconter tout le film, vu tant de fois. Mais voilà, ce comédien qui a d'abord incarné la "Nouvelle vague", joué dans un bon Melville (Le doulos) et même dans une adaptation de Marguerite Duras...(Moderato cantabile), qui  arrive presque à égaler Gabin dans Un singe en hiver, ce merveilleux film de Verneuil d'après le roman de Blondin, ce comédien, dis-je, a très tôt choisi un autre genre de cinéma, non par goût du lucre, mais pour des raisons qu'on peut comprendre : il aimait bien faire le guignol, ses camarades du Conservatoire en témoignent, ce grand sportif jouait avec talent les cascadeurs et probablement qu'il se sentait mieux avec Broca, Zidi ou Lautner qu'avec l'austère Godard. Faire du cinéma populaire n'est pas infamant, encore eût-il fallu qu'il y mît quelque variété. Or, les titres en témoignent, on a toujours le même film avec le même personnage : Le magnifique, L'as des as, Le guignolo, L'animal...avec de temps en temps une caleçonnade (à pois rouges). On allait le voir comme on allait voir un de  Funès, mais celui-ci avait un tel génie de la grimace qu'il faisait oublier les scénarios les plus faiblards. Dans la grande tradition française des couples de rivaux (Corneille-Racine, Voltaire-Rousseau...) on l'a bien sûr opposé à Delon et celui-ci finit par emporter les suffrages siècle quand on s'aperçut qu'il n'était pas seulement très  beau, mais qu'il avait avant tout un grand talent que surent exploiter Visconti, Antonioni, Losey, Schlöndorff. Du coup la Cinémathèque nous offrit une rétrospective. Mais, laissons là Delon en attendant sa mort prochaine et revenons à notre guignolo. Je semble lui en vouloir alors que j'ai seulement été agacé par les éloges dithyrambiques qu'on lui a décernés, qui n'allaient pas parfois sans récupération. Ainsi une journaliste très "tradi" a écrit :"La mort de Belmondo est un pas de plus dans l'inquiétude de voir disparaître une France à laquelle on tient". Bébel, incarnation de la France éternelle, faut pas pousser et le Général va être jaloux...Et que penser de Macron qui lui offre un hommage national aux Invalides? Je suis scandalisé que ce lieu qui devrait être réservé aux militaires, ou, à la rigueur, aux grands serviteurs de l'Etat, serve la politique d'un démagogue qui, le premier, y a fait honorer un chanteur après en avoir accompagné un autre dans une parodie de l'enterrement "républicain" de Victor Hugo. Alors pourquoi pas le Panthéon, tant qu'on y est, on pourrait profiter de l'hommage rendu à Joséphine Baker pour faire coup double, un Blanc, une Noire, la ceinture de bananes et le caleçon à pois, la parité dans la diversité. Mais arrêtons là, on va finir par croire que je n'aimais pas ce pauvre Bébel; mais si, même que dans la grande tradition facebookienne, je lui dis du fond du coeur : RIP.

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