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Causons derechef
14 octobre 2020

Cinémas de quartier parisiens

La semaine dernière, sur ma page Facebook, je vous conviais au "Studio Galande" dans la rue du même nom, au coeur du Quartier latin. C'était pour voir Le soleil reviendra, le beau film de Cheyenne-Marie Carron. Comme tous ces petits cinémas indépendants qui n'appartiennent pas à un grand distributeur, celui-ci projette pendant des semaines un mélange de films sortis il y a des mois et qui ont quitté les grands circuits, de films marginaux faits avec trois bouts de ficelle et quelques films-culte plus anciens. Le Galande est devenu célèbre parce qu'il projette depuis des décennies The Rocky horror picture show, film culte s'il en est. Chaque vendredi soir les fans s'y retrouvent, maquillés, déguisés, prêts à brailler chaque réplique d'un film qu'ils connaissent par coeur. Il fut un temps où ils venaient même avec des provisions de farine qu'ils se jetaient à la tête, mais je crois que cette habitude a disparu devant la protestation du syndicat des balayeurs.

  Changeons de rive et de quartier. Le "Brady" est du "mauvais côté" du boulevard de Strasbourg, celui des coiffeuses spécialisées dans le défrisage des cheveux et où aboutissent des rues qui ressemblent à celles de Dakar (de l'autre côté s'étend un quartier bobo avec terrasses agréables et magasins bio). Comme beaucoup de ces petites salles le Brady sert parfois, en fin de semaine, de salle de théâtre où de petites troupes - ce qui ne veut pas dire qu'elles sont sans talent - jouent des pièces policières ou comiques d'auteurs restés dans l'ombre (je parlerai un jour de la plus prestigieuse, le"Lucernaire" à Montparnasse, qui ajoute au cinéma et au théâtre une librairie et un restaurant). Vous avez peut-être connu le Brady autrefois, on y projetait des films de kung-fu de troisième ordre, des polars italiens des années 70, des films d'horreur dont l'image sautait à l'instant pathétique et même des pornos soft. La salle dégageait une forte odeur d'humidité et de désinfectant qui se mêlait dans les chiottes à celle de l'urine. Comme c'était un cinéma permanent, il y avait sans cesse de la circulation, ce qui n'empêchait pas certains (sans .e : il y avait très peu de femmes dans une salle qui évoquait les cinémas spécialisés) d'y dormir paisiblement. Puis le cinéma a été racheté par Mocky qui y projeta bien sûr ses films, mais aussi des français et américains de bonne série B. Je ne sais pas à qui il appartient maintenant mais la programmation est du même type que celle du studio Galande. Qu'y suis-je allé voir lundi? Irréversible, un film de Gaspard Noé qui m'a beaucoup déçu par rapport à son Carne. Vous vous rappelez : ce film avait fait scandale à sa sortie à cause du viol brutal de Monica Belluci dans un passage souterrain sordide. Il faut reconnaître qu'avec cette séquence le voyeur en a pour son argent et n'oubliera pas la malheureuse, robe retroussée et petite culotte arrachée, gémissant sous les coups de boutoir de la brute, mais il y a tout le reste : l'insupportable épisode du début où on voit Vincent Cassel - probablement l'acteur le plus laid de sa génération - la lutiner, la conversation à trois hachée par le bruit du métro, la "fête" avec alcool, coke, lumière stroboscopique, musique tonitruante à chier (le genre de fête où Cassel et Belluci devaient aller dans la vraie vie)...La dernière partie du film est hallucinante, au mauvais sens du terme. Cassel se lance à la poursuite du voyou et là tout devient confus : la caméra est prise d'une véritable danse de saint-guy, on entrevoit des décors sordides, un chauffeur de taxi chinois highjacké, une boîte à pédés(sic) élégamment baptisée "Le rectum", on entend des borborygmes et tout cela se termine sur un massacre à l'extincteur du plus bel effet. Rendons quand-même grâce au réalisateur d'avoir placé là une séquence qui vient comme cheveux sur la soupe mais qui nous permet de voir son acteur favori Philippe Nahon pendant deux minutes. La prochaine fois je vous parlerai d'une salle voisine :"L'archipel".

NB : Le Galande passe encore des films de Cheyenne-Marie Carron : Encourageons la!

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