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Causons derechef
10 mars 2020

Dernier voyage en Thaïlande...(abécédaire)

Aéroport : Quel bonheur d'atterrir à l'aéroport de Chumphon, modeste capitale de province, après être passé par ceux de Bangkok (qui pourtant n'est pas trop laid) et celui de Séoul qui ressemble à ceux du Golfe par son gigantisme et sa vulgarité boutiquière. Ici un charmant petit bâtiment d'accueil dans un écrin de verdure et on descend sur le tarmac au lieu de passer par les aspirateurs à bétail.

Bangkok : Dieu sait si je suis allé souvent à Bangkok, mais je n'avais fait qu'effleurer le quartier de Chonburi, de l'autre côté de la rivière. L'avoir fait à vélo m'en a fait mieux goûter le charme : maisons riches ou pauvres enfouies sous les arbres, jardins durassiens à la clôture effondrée sous la poussée des banyans, de temps en temps un klong à l'odeur puissante, et, au détour d'une rue, ce quartier où cohabitent l'église Santa Cruz avec une statue sulpicienne de sainte Thérèse de Lisieux, une mosquée et une pagode. Comme tous les peuples bouddhistes les Thaïlandais, pour peu qu'on ne les provoque pas, sont tolérants.

 Bobos : ils sont partout. Dans une petite île au sud de Chumphon avec une grande offre de pensions pour touristes, on trouve un bar à espresso nanti d'un moulin à café à l'ancienne et de nombreuses boutiques proposant les objets artisanaux de la communauté . Pour un peu on se croirait dans un village de la Drôme.

Chats : les chiens sont nombreux dans les villages, mais je ne crois pas qu'il y ait de maison sans chats, tous plus beaux et bien soignés les uns que les autres. Aucun n'a peur des étrangers et ils sollicitent même leurs caresses, preuve qu'ils sont très bien traités, peut-être à cause de la croyance en la métempsychose. En tout cas c'est un bonheur pour les amis des chats et un honneur pour le peuple thaïlandais.

école : nous nous sommes arrêtés un matin au spectacle des élèves d'une école de village en rang qui faisaient de la gymnastique rythmique sous la conduite de 3 monitrices avant de commencer leur journée. Façon, sans doute, d'évacuer stress et énervement, et pourtant ils semblaient si sages en regagnant leurs salles de classes, souriant et nous gratifiant d'un "hello".

étapes : une randonnée de 450 km (si l'on en croit les montres connectées de deux d'entres nous) en 9 jours. Rien de terrible, d'autant que le terrain était facile puisque, en gros, nous suivions la côte. Deux "étapes de montagne" toutefois (mais je ne crois pas que nous ayons monté à plus de 7/800 m) dont la première fut rendue plus pénible par une pluie tropicale qui ravinait la piste très déclive et par la traversée à gué de 7 rivières. Je n'ai pas refusé un peu de "poussette" de la part des 2 guides, pour ne pas le vexer ni retarder mes petits camarades.

Gastronomie : nous avons eu la chance de tomber sur un guide très gourmand qui dans chaque restaurant passait un quart d'heure à discuter du menu avec le patron et ne rechignait pas aux arrêts impromptus pour goûter les crabes et les poissons de pêcheurs que nous voyions sur le rivage. Je crois qu'il voulait à la fois nous faire connaître une cuisine qui est une des meilleures d'Asie et profiter, lui l'homme du nord montagneux, des fruit de mer. Quoi qu'il en soit nous nous sommes régalés tout au long du voyages de crevettes, crabes, bars, sans compter d'exquises collations de fruits.

Guides : Vélorizons ne reculant devant aucun sacrifice, nous avions 2 guides pour 5. Le guide-chef est Roger (il a ainsi résolu la difficulté à prononcer et mémoriser les noms exotiques chez le Voyageur). C'est une forte personnalité, un septuagénaire bien conservé (même s'il est le seul à bénéficier d'un vélo électrique...), bavard et très à l'aise en français (il arbore parfois un T shirt siglé "amicale des guides francophones"). Peut-être enjolive-t-il un peu, mais sa vie passée semble avoir été assez aventureuse. Etudiant au Laos (son père était thaï et sa mère laotienne) il a été d'abord partisan des communistes et quand un de ses mentors lui a appris quelques mois après la mainmise sur son pays du Pathet Lao que les "frères" vietnamiens en avaient profité pour voler au Laos des milliers de km2, il a pris le maquis contre les communistes. Voyant après des années que le combat était désespéré, il a gagné la Thaïlande en traversant le Mékong à la nage(?) et il a fini par créer une petite agence de voyages à Cheng Maï. Il adore nous faire des exposés sur la politique ou le bouddhisme, dont la longueur est tempérée par l'humour. Ajoutons que c'est un chanteur remarquable qui nous régale parfois des tubes thaïlandais des années 80...Le guide-vélo est jeune, assez charmeur (nos compagnes en étaient folles) et très connecté. C'est aussi un fou de photo. Il y a aussi un chauffeur, très serviable et ne parlant malheureusement ni français ni anglais.

Massage : croyez-moi, ce n'est pas une étape obligée en Thaïlande.

Paysages : je vous épargne des descriptions qui ne pourraient être que médiocres. Allez voir mes photos sur ma page Facebook. En gros, de très beaux reliefs karstiques recouverts de végétation, parfois la côte ressemble à la Bretagne par ses découpures et sa roche, de vastes plages, des plantations d'hévéas ou de palmiers à huile et partout des cocotiers. Cet isthme, peu fréquenté (tout le monde se précipite à Phuket), mériterait de l'être.

Peloton : Nous étions cinq : un couple de jeunes retraités, une suissesse à la cinquantaine bien sonnée, un quadragénaire, et le doyen, moi. Tous sauf moi étaient des habitués de circuits en VTT et en avaient fait dans de nombreuses régions du monde beaucoup plus accidentées que l'isthme de Kra qui a dû leur paraître trop facile. J'ai essayé tant bien que mal d'être à la hauteur. Cinq est à mon avis trop peu pour un groupe de rando, ça limite les chances d'avoir des atomes crochus avec tel ou telle. Aucun n'était désagréable mais les conversations portaient plus sur leurs souvenirs de cyclotourisme que sur l'art ou la littérature. Soyons franc, la Suissesse était un peu pénible : très interventionniste, politiquement correcte et dotée de cet accent épais des Helvètes (elle prononçait "album" - de photos - "alboum" comme la regrettée Zouc). Le plus intéressant était notre benjamin qui après une journée de vélo allait courir 2 heures sous une température de 36°, qui photographiait à tout va et disparaissait mystérieusement le soir alors que les vieux rentraient sagement se coucher.

Pizza : Les Français, plus que d'autres peuples assurément, font des efforts pour s'adapter à la cuisine locale (qui, je le rappelle, est particulièrement bonne en Thaïlande), mais au bout de quelques jours la nostalgie du steak-frites et du camembert remonte. Il a donc fallu aller manger une pizza à Surat Thani. Comme de bien entendu elle était médiocre.

Politique : Comme il y a des élections dans quelques semaines, on voit partout de grandes affiches montrant des candidats, et parfois des candidates, sanglés dans un uniforme blanc chamarré qui les fait ressembler à des officiers de l'empire des Habsbourg. Ce n'est pas que l'armée assoie son pouvoir : tous les fonctionnaires (enseignants, postiers...) portent l'uniforme dans ce pays et ils posent dans leur uniforme de gala. On voit partout (foyers, magasins, restaurants...)la photo du nouveau roi, mais certains conservent à côté celle de Bhumibol.Le contraste est saisissant et peut-être voulu.

Pourboires : moment délicat de la fin du voyage, quand chacun essaie de se débarrasser de sa monnaie locale et s'interroge sur la proportion qui convient pour chaque accompagnant. Nous avons décidé, dans un grand élan démocratique, de partager équitablement entre les deux guides et un chauffeur particulièrement serviable.

Saint Valentin : étrangement, cette fête que je croyais américano-européenne existe aussi dans le pays et on voit partout des coeurs rouges made in China à offrir à sa belle. Une photo m'immortalise en tendant un à la patronne de l'hôtel que nous quittions au matin du 14 février.

Visites : en privilégiant l'aspect sportif du voyage (après tout, c'étaient quand-même 450 km à vélo) et compte tenu de la relative pauvreté en sites culturels de la zone où nous étions, nous n'avons guère abusé des visites de temples non plus que des arrêts pour regarder travailler le paysan ou l'artisan (beaucoup de guides se sentent ethnologues). Je retiens surtout la visite de Bangkok et deux temples on ne peut plus différents. L'un en pleine nature, au milieu de pitons karstiques recouverts de végétation dont l'un porte un pagodon plus ancien que le temple. L'autre est un triomphe du kitsch et du béton : sur une esplanade immense plusieurs édifices et surtout d'innombrables statues de coqs de toutes les tailles qu'ont fait dresser là des gens qui se sont enrichis pour remercier on ne sait quel dieu, tout cela au milieu d'une foule immense et envieuse, dans le bruit des pétards qui fêtent chaque érection de statue.

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