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Causons derechef
3 août 2019

Sul' quai de Nantes un concert est donné...

Il semble bien que la disparition du jeune Steve soit l'affaire de l'été 2019 comme Benalla a été celle de l'an dernier. Ce triste fait divers ne m'inspirait guère, mais le battage indécent autour de cette mort, le déni général de responsabilité, l'hystérie parvenue à son point d'incandescence m'ont réellement énervé. En outre cette affaire montre la dégradation rapide d'aimables initiatives comme la Fête de la musique et la brutalisation de la société.

L'établissement des faits, d'abord. Sans une enquête judiciaire il est impossible, et il est évident que celle de l'IGPN est biaisée qui exonère totalement la police. Celle-ci, pourtant, est-elle seule coupable? Des participants à la "fête" reconnaissent que quand elle est arrivée pour demander aux organisateurs de couper la sono à 4h du matin comme ils s'y étaient engagés, ils ont d'abord obéi. Puis, comme les flics s'apprêtaient à repartir, ils l'ont remise en marche "pour passer une chanson antifa" (on sent que cela excuse tout...) pendant que les spectateurs bombardaient la maréchaussée d'injures et d'objets divers. Il était 4h du matin, la police avait passé la nuit dans une ville "en fête" à contrôler une population déjà frondeuse excitée par l'alcool et une musique assourdissante, et on les recevait ainsi, en trahissant la parole donnée. On aurait été énervé à moins et on comprend que la charge ait été tant soit peu musclée. S'en est suivi un mouvement de panique et des gens sont tombés à l'eau : il faisait noir, la lucidité de beaucoup était fortement entamée et l'endroit n'était pas sécurisé, ce qui nous amène à une autre "responsable pas coupable", la maire de Nantes. Elle envoie pour une soirée techno, avec tout ce que cela implique de drogue et d'alcool, 2 vigiles d'une société privée et ne fait pas installer de garde-corps le long du fleuve au prétexte que cette partie dépend du port autonome. Or, non seulement c'est elle qui a donné l'autorisation por le rassemblement, mais elle savait qu'il y avait eu des noyades lors de "fêtes étudiantes" sur la rive en face.

Alors, chute due à la bousculade, saut dans la Loire suite à une mauvaise évaluation des risques, on ne saura jamais, ce qui n'a pas empêché les farouches opposants à Macron de s'emparer de l'évènement pour dresser un tableau apocalyptique de la France. Notre pays serait devenu une véritable dictature où des policiers sur-armés et féroces ne pensent qu'à bastonner, gazer, énucléer ceux qui manifestent contre le pouvoir. Pire, comme j'ai pu le lire, "on assassine nos gamins"( le gamin avait 24 ans, âge où on vote et on a un métier). A la tête de cet outil de répression que nous envient Poutine et Erdogan, un monstre, une sorte Vidocq au passé douteux, dévoué à son maître comme Rouher à Napoléon III ou Raymond Marcellin à De Gaulle. Il va sans dire que la Justice est devenu l'auxiliaire dévoué du Pouvoir dont elle ne condamne jamais les séides alors qu'elle frappe sans pitié les séditieux. La mort d'un jeune a donc été pain bénit pour les ennemis de Macron : avoir son Malik Oussekine, ça vous réconforte, sans compter que c'est une victime présentable, animateur périscolaire ça n'est pas une "racaille". Comble d'abjection, le Pouvoir après avoir assassiné Steve a voulu dissimuler le cadavre en le "laissant pourrir dans le fleuve". Comme si c'était si facile de retrouver des noyés...Une vision si caricaturale, un tel déchaînement de haine laissent pantois l'adversaire de Macron que je suis. Si la comparaison de notre époque avec les années 30 a un sens, c'est bien dans le ton de la presse de l'époque et celui des réseaux sociaux. il y a  une brutalisation du débat politique et de la société dans son ensemble.

Quel meilleur exemple que la Fête de la musique? L'idée partait d'un bon sentiment (Jack ruisselle de bons sentiments) : permettre à tous les "artistes" amateurs" de s'exprimer et accueillir dans la joie et le plaisir esthétique l'été. Les premières furent calmes et joyeuses : un violoniste par ci, une chorale par là, un guitariste chantant le blues, un petit orchestre classique ou de jazz. Les badauds faisaient cercle , applaudissaient, allaient de l'un à l'autre jouissant de la musique et de la douceur de l'air. Mais le ver s'est mis rapidement dans le fruit. D'abord à cause des municipalités qui ont voulu se faire valoir en offrant à leurs administrés des concerts avec des professionnels, les gros orchestres ont envahi des bâtiments publics, les places, des podiums ont été dressés, des sonos installées. Peu à peu la musique la plus bruyante et la plus sommaire a écrasé les autres, il fallait bien flatter les jeunes. Les amateurs ont fini par disparaître, laissant la place au bruit et au fric. Pour "se mettre dans l'ambiance" des pratiques comme le binge drinking se sont développées qui font avec la drogue un sacré mélange. Ce genre de concert peut vite dégénérer en émeute et l'émeute en saccage. Les plus gros et les plus forts - le fric, la politique, la techno - ont écrasé les paisibles musiciens et spectateurs du début. C'est devenu cette "Fête immonde"(née du ventre fécond...) que flétrissait Philippe Muray. Triste époque, vraiment...

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