Cannes et son festival qui fait rêver...
Chaque année, c'est pareil, le cinéphile boulimique (pléonasme) tire la langue au moment du festival. Entre 2 starlettes qui laissent échapper un sein dans la montée des marches ou, saoules perdues, se prennent les pieds dans le tapis, il entend parler de films qu'il ne verra, pour certains, que des mois après ou même jamais (quel distributeur irait acheter un film du Nagorno Karabakh?), Au mieux, pour ceux qui sortent dans la foulée, il voit une bande-annonce qui lui permet, par exemple, d'être sûr qu'il n'ira pas voir Le jeune Ahmed des Dardenne. Restent les titres, mais font-ils toujours rêver ou saliver ? C'est ce que nous allons voir .
Once upon a time in Hollywood, là, ça marche. On imagine la capitale du cinéma à ses grandes époques d'avant et après guerre, les villas somptueuses, les parties au bord des piscines, les producteurs lubriques et les fraîches filles du Middle West prêtes à tout, la pègre qui se mêle au jeu, les écrivains qui sont là en attendant et tapent sur leur clavier comme des forcenés, les réalisateurs qui n'ont pas perdu leur accent d'Europe centrale...La Légende, quoi!
Roubaix, une lumière. Là Desplechin se fout de nous. Une lumière dans cette ville sinistre du nord? Allons donc! Je n'entends que le bruit des métiers à tisser et ne sent que l'odeur aigre de la bière.
Mektoub my love : intermezzo. Aïe, aïe, aïe ! Cet intermède laisse supposer un Canto secundo après le Canto uno (titre au demeurant très prétentiards). Évidemment les amateurs de fesses du beau sexe et de porno estampillé Lesinrocksrama se réjouiront, les autres se préféreront YouPorn.
Les misérables : titre déjà pris, être enfant des quartiers ne donne pas tous les droits.
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. Voilà un titre qui fait rêver avec sa forte charge érotique. On se voit déjà dans un tableau de Fragonard ou bien un roman de Mirabeau ou de Crébillon :"Ah, foutez-moi, monsieur, je brûle, je brûle". Il s'agit, du reste, de tribades, mais peu importe le flacon. J'attends avec impatience sa sortie en salles, dois-je le dire?
Titre si long qu'il en est grotesque : Too old to die young - north of Hollywood, west of Hell de Nicolas Winding Refn. Il aurait pu allonger la sauce...East of Eden, far from Chicago...
Lux aeterna de Gaspard Noé. Voilà qui fait chic, mais enfin Debord a fait mieux avec le titre-palindrome (peut-être emprunté à Virgile) de son film : In girum imus nocte et consumimur igni.
Titre à prétention philosophique : Être vivant et le savoir d'Alain Cavalier. On imagine : la caméra du vieux cinéaste s'attarde sur une fleur (avec une goutte de rosée qui palpite), une tasse de café, le feu (car on a fait du feu dans la cheminée)...Pas encore de mon âge.
Titre d'une sobriété exemplaire : Jeanne (6 lettres) de Bruno Dumont. Il s'agit, comme on le sait, de Jeanne d'Arc et le titre indique qu'il s'est plus intéressée à la femme qu'à la guerrière. Un film de Dumont ne laisse jamais indifférent. Petit détail amusant mais qui ne fait pas sens : il n'y a qu'au RN qu'on appelle l'héroïne par son seul prénom.
Titre : "Démerdez-vous, je ne vais pas perdre mon temps à traduire" : Odnazhdy v Trubchevske de Larissa Sadilova.
Titre "tiens, ça me rappelle un autre film" : Alice et le maire de Nicolas Pariser. Arielle Dombasle, Luchini et Pascal Greggory vont-ils nous manquer ?