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Causons derechef
24 août 2018

Les coucous de Midwich(Le village des damnés) et le Grand Remplacement

J'avais vu les deux adaptations des Coucous de Midwich au cinéma, toutes les deux sous le titre Le village  des damnés (la première en noir et blanc, excellente, le remake de Carpenter en 1997 est plus banal), mais je viens juste de lire le roman originel de John Wyndham publié en 1959 par Denoël dans l'excellente collection"Présence du futur". Résumons brièvement ce livre, un classique de la S-F et comme tel déjà connu de beaucoup. Un vaisseau spatial atterrit dans un village anglais isolé, il maintient ses habitants en léthargie pendant 24 heures, puis repart. Au bout de quelques semaines toutes les femmes du lieu en âge d'enfanter s'aerçoivent qu'elles sont enceintes, y compris les pucelles. Chacun essaie d'expliquer ce mystère que les autorités entendent cacher et essaie de s'adapter à cette étrange situation. Puis naissent soixante enfants semblables aux humains à quelques détails près, tous se ressemblent. Ils sont bien accueillis par leurs mères jusqu'à ce qu'elles se sentent dépassées. Leur croissance physique et intellectuelle est phénoménale et bientôt ils se montrent capables d'imposer leur volonté à tous au point que les villageois se sentent dominés et menacés. Des meurtres ont lieu, entraînant des tentatives de lynchage et la question de l'élimination des "Enfants" commence à se poser, avec à la clé de graves questions morales. Une réponse est enfin donnée que je ne vous révélerai évidemment pas...On voit qu'il s'agit là d'un roman de S-F comme on en écrivait dans les années 50. Pas d'heroic fantasy, pas d'ennuyeuse sagas dans les étoiles, pas de Dark Vador et autres niaiseries pour adolescents boutonneux lecteurs de BD, non, mais une réflexion politique et morale née de la 2ème guerre mondiale, d'Hiroshima et des camps. Or ce roman, publié en Angleterre en 1957, fait écho de façon curieuse à un problème brûlant de notre époque.

  Le mieux (et le moins fatigant...) est de vous en livrer quelques extraits qui évoquent la cohabitation de populations différentes et les problèmes qu'elle pose, les migrations invasives, voire le Grand Remplacement cher à Renaud Camus puisque la domination des Terriens ou, à tout le moins leur domination semble la mission de ces extra-terrestres. Coïncidence ou prémonition ? Il y a 60 ans l'Angleterre ne connaissait pas les dérives actuelles : gangs pakies tout-puissants, communautarisme frôlant le séparatisme, complexe du colonisateur. Quoique...Zellaby, le héros et sage du roman écrit un livre intitulé Le crépuscule anglais. Il compare la complaisance des mères à celle de la grive qui nourrit le jeune coucou faisant fond sur son altruisme. D'autres passages évoquent "les territoires perdus" :" Nous avons fait de notre mieux pour maintenir l'équilibre, mais maintenant il nous faut un Code applicable aux "Enfants" à qui la loi doit être imposée comme à nous. Les tensions amèneront "des Anglais tout à fait ordinaires" à tenter d'incendier leur école, comme en Allemagne on le fait des logements de réfugiés. Enfin, le danger croissant, le lucide Zellaby déclare :" nous sommes appelés à être remplacés un jour par l'invasion d'une espèce que nous ne pourrons domestiquer". L'analyse la plus fouillée est faite par une Enfant :"Serez-vous d'accord pour être remplacés sans résistance ? Je ne crois pas que vous soyez assez décadents pour ça. Est-ce qu'un Etat peut se permettre de donner asile à une minorité dont la puissance va croissant ? Les plus primitifs d'entre vous, vos masses, se laisseront guider par leurs instincts, ils voudront nous pourchasser. Vos libéraux (sens américain), vos responsables seront très troublés dans leur attitude morale. Tous vos idéalistes ne s'embarrasseront pas de provoquer l'esclavage et la déchéance de leurs descendants pour pouvoir remplir de généreuses pensées leurs journaux intimes. La Gauche réclamera sans referendum la justice et la pitié, puis il y aura une scission entre la politique du "Grand coeur" du parti et ceux qui éprouveront de l'appréhension à notre égard qu'on appellera les "Pieds froids"...Tout y est ou presque, étonnant, non ? Mais peut-être sommes nous trop décadents pour réagir...

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