Abécédaire de mon Espagne et du Chemin
Café : Les Espagnols sont un des derniers peuples qui boivent du café au lait. Aussi, quand je demande un café solo le matin, me regardent-ils avec un mélange d'étonnement et de commisération,regard que je leur renvoie le soir quand je commande un café après mon dîner et qu'ils me disent "solo ?"
Castille y Leon : Deux mots qu'on croit aussi inséparables que Roux et Combaluzier ou Wallis et Futuna. Eh bien non, on voit barbouillé çà et là le slogan "Leon solo". Malheureux pays qui finira par éclater...Espagnols, mes frères, ressaisissez-vous ! Rappelez-vous votre passé glorieux et ce qui fut votre fière devise : "UNA, grande, libre".
Criquets : A la belle saison ils s'abattent sur le Nord-ouest de l'Espagne et piétinent par milliers le Camino francès vers lequel convergent les autres chemins. Cette année de nombreux Anglais (et/ou Américains) et toujours un fort contingent de Coréens. Une bonne moitié marche en regardant son écran de portable et presque autant ont dans les oreilles des écouteurs dont je ne pense pas qu'ils diffusent de la musique sacrée. Spiritualité et amour de la nature cèdent le pas à l'exploit physique pour la plupart.
Histoire : Il y a encore sur certaines églises de Castille ou de Galice des plaques en hommage à José Antonio et à ses compagnons fusillés par les Républicains, quelques-unes ont été barbouillées de peinture. A Valladolid une plaque, posée sous Franco, rappelle l'endroit (une caserne) où a été fusillé un général des guerres carlistes au XIXème siècle en rendant toutefois hommage à la participation des requetes à la Croisade nationale. Elle a échappé aux épurateurs, mais pas le nom de la rue où se trouvait mon hôtel. Après s'être appelée "rue des héros de l'Alcazar" elle est devenue "rue des héros d'Alcantara", ou comment conjuguer épuration et économie...
Irun : cette ville est ma porte d'entrée en Espagne. Elle est particulièrement sinistre et je crois ne jamais l'avoir vue sous le soleil (normal, c'est au Pays basque...). Autrefois, quand on venait de Paris, on y changeait de train à cause de l'écartement différent des rails. L'Europe a uniformisé ça.
Moeurs : Dans les écoles catholiques (nombreuses), les élèves portent encore l'uniforme, mais, comme il faut bien faire un compromis avec le Siècle, les jupes des filles sont courtes. Très courtes. Quel bonheur pour l'amateur que toutes ces petites gambettes, blanches ou bronzées, avec ou sans bas, fines ou musclées, qui dansent sous ses yeux !
Paseo : Rien n'est plus trompeur que la foule d'enfants qui jouent dans la rue le soir pendant que leurs parents picorent des tapas de terrasse en terrasse. On serait tenté de conclure à la vitalité de l'Espagne, or ce pays a un des taux de natalité les plus bas d'Europe. En tout cas cette occupation vespérale des rues par les mômes est une saine tradition, au moins il ne sont pas accrochés à leur tablette...
Population : Je suis plus que jamais surpris par la présence très visible d'immigrés dans les petites villes ou les gros bourgs. Amis deux-sévriens, imaginez des hijabs ou des boucheries halal à Secondigny. La première explication qui vient à l'esprit est que le gouvernement espagnol a mené une politique volontariste avec répartition de ces populations de façon à éviter les ghettos et les problèmes aigus que connaît la France. Celle-ci, empêtrée dans son complexe d'ex-colonisateur, se montre incapable de prendre des mesures autoritaires et en subit les conséquences. Reste quand-même une question : comment peuvent-ils trouver du travail au milieu de nulle part ?
Presse : Le randonneur est à même d'apprécier la presse régionale et sa comparaison avec la nôtre est cruelle pour cette dernière. Les journaux de province accordent une place honorable à la politique (surtout intérieure), ont moins de pages de sport qu'on pourrait croire et conservent leurs pages centrales pour des éditoriaux et des analyses. Sils n'ont pas le niveau d'El Pais ou d'El mundo ils sont à cent coudées au-dessus de Sud-ouest ou du Républicain lorrain.
Religion : Il y a encore des messes de 7 heures du soir (le matin, il ne faut pas compter sur les Espagnols) et une poignée de personnes pour y assister.
Vegan : Le Galicien a le sens du commerce. On trouve maintenant dans les nombreux bars et restaurants qui jalonnent le Chemin des menus végétariens que signalent des affiches proclamant qu'on est "vegan friendly".
Vélo : Les coureurs du dimanche sont de plus en plus nombreux sur les petites routes et sur les pistes cyclables qu'on a construites aux abords des villes. J'imagine que pendant ce temps toutes leurs épouses ne sont pas à la messe...Chez les pèlerins-cyclistes on commence à voir des vélos électriques. Une honte !
Wamba : seule localité espagnole dont le nom commence par un W. Cela sent son Wisigoth.
X (prononcez [ch]) : Barbouillé à la peinture noire, il remplace le J sur les panneaux de signalisation de Galice, un peu comme le u qui remplace le o final sur les panneaux corses (voir supra "Castille y Leon").