Mauvaise semaine pour Pimprenelle : ça turbule et ça surine dans les LEP
Oui, mauvaise semaine, non seulement personne ne lui a demandé d'être candidate à la primaire de la Gauche mais elle fait l'actualité et s'en passerait bien pour une fois. L'incident de Marseille, pourtant, paraît bien banal dans cette ville : à la suite d'un "différend" (je mets des guillemets, les djeunes diraient plutôt "embrouille") un élève d'un lycée professionnel en poignarde un autre qui en meurt. Le coupable et des complices, dont une mère visiblement hyper-protectrice, ont été arrêtés. L'établissement passe pour "sans histoires". Peut-être mais cette réaction ressemble un peu à celle des habitants des "quartiers" qui, lorsque on arrête un trafiquant de drogue ou un terroriste islamique, disent : "Ce n'est pas possible, il disait toujours bonjour et portait les paniers trop lourds des vieilles dames" (pardon, des mamies). Najat, qui a un coeur gros comme la sardine qui a bouché le port de Marseille et le sourire de la Bonne mère, a fait part de son "immense émotion" et a balancé aux lycéens une cellule de soutien psychologique (il n'est pas question apparemment que la police protège l'établissement). Fin provisoire de l'histoire en attendant le jugement.
Plus intéressant ce qui s'est passé à Paimboeuf, petite ville frappée par la Crise de la France périphérique. Une centaine d'élèves du lycée professionnel Albert Chassagne ont attiré l'attention des médias en manifestant devant leur établissement pour réclamer des sanctions contre les condisciples qui leur pourrissent la vie en perturbant les cours et en se livrant à des vols et à des agressions (j'allais dire "y compris sur les profs" comme si cela n'allait pas de soi...). Ce genre de réaction est très rare bien que la majorité des élèves, n'accablons pas les jeunes, aient envie de travailler dans de bonnes conditions, mais une conception erronée de la solidarité et la terreur que font régner les violents les paralysent le plus souvent. A Paimboeuf cette réaction a été massive (plus de la moitié de l'effectif), exaspérés qu'étaient les lycéens par la proviseure qui se refusait à punir. Il faut dire que la dame applique avec un zèle qui lui vaudra, nous l'espérons, une belle promotion, la politique ministérielle : l'élève est au centre du système éducatif, on lui doit respect et considération et en cas de conflit on n'hésitera pas à céder du terrain. Pas de vagues, surtout pas de vagues. Cette politique s'appuie sur une idéologie permissive et anti-autoritaire qui l' imprègne visiblement puisqu'elle a déclaré "Ça me fait peur que des élèves réclament des sanctions contre d'autres élèves...La réponse au problème se fait par le dialogue et non en coupant des têtes. L'école doit être inclusive et bienveillante." On retrouve ici la l'idéalisme naïf des Dubet ou Meirieu qui a fait tant de ravages mais aussi un sacré mépris de classe : ces élèves, enfants de prolos, sont présentés comme de petits Dupont-Lajoie, des fascistes en herbe. Arrivée l'an dernier dans l'établissement la proviseure a "bâti des projets en collaboration avec le théâtre Trucmuche", "voulu faire des élèves des citoyens éclairés et responsables" (ce n'est visiblement pas le cas de tous...), "former les jeunes au hip hop" (plutôt que de les former à un métier, eux sur qui plane la menace du chômage en dépit des promesses de Pépère). On croirait lire un Projet d'établissement, ils sont rédigés dans la même langue de bois. Ajoutons que ce genre de situation a des effets pervers. Les élèves et les parents interrogés affirment que les trublions viennent de la ville voisine de Saint-Nazaire et sont envoyés à Paimboeuf faute de place là-bas. Un parent d'élève ajoute - dans les classes populaires on n'a pas peur des mots - qu'ils sont d'origine étrangère. L'absence d'autorité et le pourrissement de la situation tournent à l'affrontement entre "Gaulois" (ou "Bretons"...) et allogènes. Beau résultat qui n'était sûrement pas celui qu'attendait notre très progressiste proviseure.