Espagne, printemps 2016 : indépendantistes catalans, "hijos de puta"
Indépendantisme.- En Catalogne le drapeau catalan fleurit sur les balcons ou les toits des maisons, mais aussi de bâtiments publics, voire d'églises. En une semaine je n'ai vu qu'UN drapeau national. Honneur à ce provocateur, car on imagine la pression que doivent exercer sur la population des indépendantistes hystériques et menaçants. N'oublions pas que dans tout nationaliste il y a un fasciste qui sommeille. Des affiches réclament une école en catalan qui serait "plus juste". Plus juste, sinistres turlupins ! Pour les autochtones peut-être, mais le catalan ! c'est ça qui va les ouvrir au monde et le leur ouvrir...Derrière tout ça, on sait bien ce qu'il y a : le refus de partager avec les régions d'Espagne moins bien nanties, avouez le, impudents rapiats !
Immigrés.- On est frappé au premier abord par le grand nombre d'immigrés, mais peut-être ne paraissent-ils si nombreux que pour cette raison : presque toutes les femmes ont conservé la tenue traditionnelle et le voile. J'ai eu droit à la sortie d'un petit village catalan au spectacle gracieux de jeunes filles pakistanaises (mystère des flux migratoires, il y a beaucoup de Pakistanais en Espagne) s'ébattant en pantalon et chemise colorée traditionnels sur une aire de jeux pour enfants. Comment ces femmes peuvent-elles réagir (et leurs maris, donc !) quand elles voient les nymphettes espagnoles qui, la saison aidant, vont au collège en short à ras la touffe ? Le fossé est bien grand. Comme chez nous ils vivent dans des ghettos qui, eux, sont souvent dans les rues un peu sordides des quartiers historiques que les Espagnols leur ont abandonnés pour des lotissement neufs sinistres. A la sortie de certaines écoles ou sur certains terrains de jeux on compte les petits Ibères sur les doigts d'une main. Comme j'avais laissé un matin mon vélo et mes sacoches devant une boulangerie où je prenais mon petit-déjeuner, la patronne et une cliente m'ont mis en garde : les "Maroquis" arrachaient les sacs et volaient les vélos. Le terme générique en France serait plutôt les "Roms", apparemment les légionnaires de Franco ont laissé de bien mauvais souvenirs dans les populations...
Catholicisme.- Il survit avec des hauts et des bas. Quand on visite une église le matin on voit toujours quelques personnes qui viennent y prier avant de commencer la journée. J'ai pu visiter l'ancienne cathédrale de Lleida, fermée, profitant d'un messe solennelle où j'ai vu entrer en procession l'archevêque précédé d'une vingtaine de curés en surplis, dans des nuages d'encens et au son de je ne sais quel chant de gloire. L'Espagne éternelle...Mais à Callahora un vieux prêtre attendait le chaland dans son confessionnal. L'église était sombre et vide, je me demande s'il ne m'a pas pris pour un pilleur de troncs.
Machisme.- L'égalité hommes-femmes n'est pas un vain mot ici mais il reste des traces de machisme chez les messieurs. Les chiottes pour hommes dans les cafés sont souvent immondes : chasse jamais tirée, cuvette où flottent étrons et PQ, sol où l'on dérape sur des liquides non identifiés. Visiblement ces messieurs n'ont toujours pas appris à nettoyer derrière eux et ne méritent pas tous le titre de "caballero".
Guerre.- On a un peu oublié celle de Succession d'Espagne sous Louis XIV, mais elle a marqué la Catalogne qui avait pris parti pour l'archiduc et elle a fait des ravages, notamment à Lleida. Il est vrai que Philippe V s'est fait pardonner en étant un roi bâtisseur (admirable université de Cervera). Mais la grande affaire est la Guerre civile, évidemment. Si en Castille, Galice, Cantabrie on voit encore sur les églises la plaque de marbre en l'honneur de José Antonio et de ses compagnons tombés "pour Dieu et l'Espagne", en Aragon et Catalogne il n'est question que d'églises brûlées. La plus célèbre est la cathédrale de Vic où José Maria Sert s'est tué à refaire après la guerre ses fresques michelangélesques que les "Rouges" avaient détruites. En Aragon des panneaux indiquent dans la campagne les tranchées et les bunkers du front de l'Ebre dont il ne reste plus grand chose. Il y a même une "route George Orwell". J'ai vu près du Chemin en Castille un monument érigé par les familles (c'est bien précisé...) à la mémoire de prisonniers républicains fusillés par les franquistes.