"El Khomri, t'es foutue, la jeunesse est dans la rue" et autres sottises habituelles...
Normalement je ne prends plus les tracts sur les marchés ou à la sortie du métro, et là, allez savoir pourquoi, j'ai bêtement tendu la main à ce vieux militant et me suis retrouvé avec un texte de ce groupuscule autrefois glorieux dont le logo est maintenant un mégaphone qui fait irrésistiblement penser à "la voix criant dans le désert "de l'Evangile. Je n'ai pas été déçu : plaisir de retrouver le même vocabulaire, les mêmes tournures familières, ah, ma jeunesse enfuie...Le style est peut-être devenu un peu plus pâteux: "la loi de casse du code du travail", cette cascade de génitifs n'est pas du meilleur effet. On retrouve avec bonheur "une attaque sans précédent" en couple avec "en finir avec les acquis des travailleurs". Là on fait un petit calcul : depuis une quarantaine d'années chaque attaque a été "sans précédent" et donc, par accumulation, on a dû atteindre un niveau de violence inouïe dont on se demande comment il n'a pas écrasé les velléités de résistance du prolétariat. Eh bien, non, le canard est toujours vivant et s'accroche à ses acquis "chèrement gagnés" avec la ténacité d'un morpion menacé par un nuage de Marie-Rose. Mais ça n'est pas tout, le patronat avec la complicité de son homme-lige Macron et de son exécutrice des basses-oeuvres El Khomri (prolétaire français méfie-toi de ces immigrés qui viennent manger ton pain, prendre ton travail et te "jeter comme un kleenex") veut "casser le régime de travail des cheminots". J'en vois qui rient et qui se croient malins, mais si, ça travaille un cheminot, parfois même au-delà de 50 ans, et il faut garder ce régime de travail unique au monde. Comme le travail c'est la santé, on en profite pour dénoncer la "destruction de l'hôpital public", rien moins. Mais les travailleurs ne vont pas se laisser faire ! Dans une formule qui sonne comme un titre de "Libé" on évoque leur résistance : "Après 800 000 clics, on passe aux claques !". Contre les projets funestes d'un gouvernement au service du patronat, la mobilisation doit être massive : chômeurs, travailleurs du privé et du public (qui essaient de se faire oublier dans leur coin), lycéens, étudiants (pourquoi s'arrêter en si bon chemin, les collégiens, voire les mômes de maternelle, sont aussi de futurs chômeurs qui connaîtront "des attaques sans précédent"). Ainsi pourra-t-on "changer le rapport de force" et imposer un programme vraiment populaire qui fera bicher Martine Aubry, Thomas Piketty et la virago Caroline de Haas : interdiction des licenciements, partage du travail sans perte de salaire et des milliers d'embauches de fonctionnaires. Je trouve même que c'est timide, profitons du futur rapport de force et imposons un salaire étudiant pour tous qui ne saurait être inférieur au Smic. Songeons que notre jeunesse pensante a de gros frais : binge drinking le jeudi soir, beuh pour la soirée du samedi, achat de jeux vidéo, week-ends défonce à Dublin...Quant au contrat de travail, c'est bien simple : Cdi obligatoire. Ne mégotons pas, l'ampleur des premières manifs le montre : il faut "appuyer sur l'accélérateur" et tant pis si on va dans le mur...