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Causons derechef
24 février 2016

Umberto Eco : disparition du dernier des Trois

nomdelarose_ Les Trois quoi ? On voit bien que vous n'êtes pas cruciverbistes : les trois écrivains faciles à caser entre deux cases noires puisque leur nom ne comporte que trois lettres. Il s'agit de "plume de la Botte" à l'instant évoqué, de "plume américaine" (ce peut être Poe mais le plus souvent c'est Anaïs Nin) et - j'ai oublié sa définition habituelle, mettons "a ôté son voile à Paris" - Eugène Sue. Un seul leur fait encore la nique avec ses 2 lettres, le romancier japonais Kenzaburô Oé, mais ses jours sont comptés...

J'ai lu comme tout le monde Le nom de la rose, roman policier médiéval et aristotélicien. Je dis "comme tout le monde" car lors d'une enquête sur les Français et la lecture dans les années 80 on découvrit avec stupéfaction que tous ceux qui se prétendaient lecteurs avaient lu ce pavé d'Eco. En fait ils avaient vu l'adaptation cinématographique de J-J Annaud et ils étaient à peine malhonnêtes en confondant livre et film : ce qui comptait pour eux c'était l'histoire et non la spécificité du cinéma et de la littérature. Les dimensions du roman (proposez à un lycéen un roman de plus de 200 pages et vous verrez...), la nécessité d'avoir quelques notions de théologie et de philosophie, tout devait éloigner le lecteur lambda de cette oeuvre, tout prenant que soient le mystère et l'intrigue. Je me demande si c'est ce titre qui lança la mode des romans policiers historiques (Rome, 18ème siècle...). Il est vrai que nous avions eu auparavant Les enquêtes du juge Ti, mais seuls quelques sinophiles connaissaient les romans policiers de Van Gulik, immortel auteur de La vie sexuelle dans la Chine ancienne. Umberto Eco, qui était quelque peu linguiste et sémiologue, pratiquait aussi avec bonheur le pastiche, la parodie et quelques autres jeux littéraires. Au total, une littérature pour lettrés savoureuse et pleine d'humour d'un érudit malicieux.

J'ai peu lu Anaïs Nin. Vénus érotica, oeuvre de commande, ne m'a pas laissé grand souvenir et je ne l'ai certes pas lu de la main gauche. Ajoutons un tome de son Journal, probablement en version expurgée, qui correspondait à l'époque où elle formait un ménage à trois avec Henry Miller et sa femme. C'était assez ennuyeux comme tous les journaux centrés sur l'auteur et quelques-uns de ses familiers. Flotte autour d'elle une histoire d'inceste, mais elle n'a pas battu tambour et n'en a pas tiré cinq ou six livres comme certaine écrivaine contemporaine...A voir la liste impressionnante de ses amants illustres (auxquels il faut sans doute ajouter des professeurs de tennis, des danseurs mondains et des gentlemen riders) on a l'impression qu'elle était quelque peu nymphomane mais je serais bien le dernier à lui chanter pouilles pour ça, moi qui ai toujours rêvé d'en rencontrer une...

Mes premiers souvenirs d'Eugène Sue remontent aux années 50. Une station de radio (était-ce Radio-Luxembourg où sévissait la très populaire "famille Duraton" ou Paris-inter ?) eut la bonne idée d'adapter Les mystères de Paris en feuilleton radiophonique que nous écoutions religieusement en famille. Les noms des personnages, la Chouette, le Chourineur, Fleur de Marie, la diction mélodramatique des interprètes, les bruitages effrayants me fascinaient. A la pure Fleur de Marie je préférais l'ignoble Chouette qui hantait parfois mes rêves. Vers 12-13 ans je lus le roman mais je ne l'ai jamais relu contrairement aux Trois mousquetaires, par exemple. Peut-être, faute d'émotion, trouverais-je du plaisir à en découvrir les ficelles. En tout cas l'auteur eut une abondante postérité tant en littérature qu'au cinéma : les mystères de Londres, de NewYork...que de villes recèlent de faux mystères où se mêlent pègre et haute société, filles perdues et tueurs sadiques selon une recette éprouvée qui mélange terreur, pitié et voyeurisme.

Commentaires
L
Enfin quelqu'un qui ne dit pas moyenâgeux à la place de médiéval. Peu de journalistes ont utilisé le bon mot à propos du "nom de la rose". Il faut croire également que peu sans doute avaient lu autre chose, si tant est qu'ils avaient lu le livre et non seulement vu le film comme vous le dites. Ce n'est pas l'ortografe qu'il faudrait réformer mais les écoles de journalisme.
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