Un peu d'antihellénisme primaire pour embêter Mélenchon et Giscard
Le journaliste germaniste qui a rappelé que le même mot allemand schuld désignait la dette et la faute n'a pas perdu son temps : beaucoup de ses confrères ont repris sa remarque qui faisait remarquablement sens. Aucun, à ma connaissance, n'a pensé à cette épithète homérique appliquée à Ulysse, polumêtis. Elle veut dire à la fois "très sage" et "très rusé" et de "rusé" à "menteur" et "tricheur" il n'y a qu'un pas, que le héros franchit d'ailleurs au gré des vents et des circonstances pour sauver sa peau. Pourtant dieu sait si on nous a bassiné avec la Grèce antique, fondatrice de la démocratie et de la philosophie. Rappelez-vous Giscard proférant, la bouche en cul de poule, pour faire genre : "On ne laisse pas Platon en dehors de l'Europe". Comme s'il n'y avait pas une solution de continuité entre la Grèce de Périclès et celle de Caramanlis (ou Papandréou, ils sont interchangeables). Ce qu'on a fait entrer en Europe ce sont les grandes familles avec leurs clients attendant la sportule, Onassis et Niarchos gibier de presse "people", les popes avides et Zorba, miteux symbole du peuple grec avec son insupportable sirtaki qui a gâché nos étés dans les années 60. Le pays qui renaquit de ses cendres en 1830 après des siècles d'oppression turque n'avait vraiment rien à voir avec Athènes et Sparte. Ce fut pendant longtemps une sorte de Bordurie avec des rois d'opérette, une armée surdimensionnée où voisinaient la moustache virile et la jupette de l'evzone qui ne répugnait pas à ce que des Scandinaves ou des Allemands aux moeurs douteuses la soulevassent. Moines et popes suçaient le sang du paysan qui faisait de sa femme son esclave. Le genre de pays où le seul auxiliaire pour les travaux des champs était le bourricot. Un pays sans grandes ressources d'où de nombreux habitants émigrèrent pour l'Amérique ou l'Australie ou devinrent commerçants dans les empires coloniaux pour fuir la pauvreté. La caste au pouvoir s'appuyait sur une administration véreuse et paresseuse dans la tradition de la Turquie des sultans alors que les pays d'Europe de l'ouest ou du nord eurent dès le 19ème siècle une administration moderne. La tradition de tricherie y était déjà établie puisque le pays fut exclu de l'Union latine au début du XXème siècle pour avoir altéré sa monnaie. L'entrée tardive dans la modernité, c'est à dire l'Europe unie, fut trop brutale tant l'écart était grand entre des pays développés et un pays à peine sorti du Tiers monde. Le gouvernement présenta un faux bilan pour accéder à la manne européenne. Elle plut sur les riches qui se gavèrent et laissèrent quelques miettes au peuple sous forme de postes de fonctionnaires. L'opération se renouvela pour l'entrée dans la zone euro. Et maintenant il faut payer. Et comme de bien entendu ce sont les petites gens et les classes moyennes qui paient, pas les armateurs au-dessus des lois, pas le clergé qui montre les dents si on touche au moindre de ses biens dont la valeur totale égalerait celle de la Dette. Où est la faute de Goldman Sachs là-dedans, qui ne fut qu'un instrument ? Où est celle de l'Allemagne qui ne fait que réclamer ce qui est dû et des réformes indispensables pour que cela ne se reproduise pas ? Qui a ruiné le peuple grec sinon son gouvernement incapable, démagogue et corrompu ? Qui l'a humilié si ce n'est ce même gouvernement qui fait passer ses citoyens pour des gens sans foi ni loi ? Mais ceux-ci ont été aussi les instruments de leur propre malheur : dans une démocratie le peuple est responsable et il a voté pour des gouvernement de ruffians ou de guignols usant du mensonge, de la ruse ou du chantage pour se tirer d'un mauvais pas et tremblant devant les puissants (Tsipras l'athée fait des courbettes au haut clergé orthodoxe). Il a cédé à la facilité puis cru qu'il pourrait s'en sortir et qu'on n'oserait pas toucher à "la mère de la démocratie et de la philosophie", sa vanité et son orgueil national lui retombent sur le nez. Il est possible que la solution choisie n'ait pas été la bonne, que l'économie ne puisse repartir, peut-être le grexit aurait-il été une meilleure solution, incontestablement il faudra restructurer la dette, mais, de grâce, que les Mélenchon et autres Philippot nous lâchent ! Ce sont eux qui humilient et rabaissent le peuple grec en les transformant en assistés irresponsables et non maîtres de leur destin.Grecs, n'écoutez pas le chant de ces sirènes, d'autres, plus pauvres que vous s'en sont sortis,retrouvez votre liberté et vos vertus antiques !