"Je suis Florian" : Qatar vs Philippot ou le bal des hypocrites
Vous allez dire que ça tourne à l'obsession (2 posts sur ma page Facebook) mais le procès en diffamation intenté à Philippot par le Qatar révèle de bien tristes choses sur notre société et particulièrement le monde politique.
Il y a d'abord comme des remugles de la Françafrique période Foccart. Quand un journaliste se permettait de dénoncer dans un livre tel ou tel potentat africain corrompu jusqu'à la moelle, pilleur patenté des ressources de son pays et nourrissant les crocodiles avec ses opposants, ce dernier le poursuivait immédiatement devant les tribunaux français et demandait l'interdiction de l'ouvrage. Notre magistrature, qui avait pris de mauvaises habitudes de servilité sous l'Occupation et à la Libération, obtempérait. Cette fois le pouvoir est plus subtil, est-ce un hasard si l'un des avocats de l'émirat dans cette affaire est J-P Mignard, militant socialiste et proche du chef de l'état ? Que reproche à Philippot le Qatar ? De porte atteinte à sa réputation en affimant qu'il finance le terrorisme, or le fait est de notoriété publique. Des millions sont fournis par certains de ses riches sujets (presque un pléonasme) ou des "fondations" à des groupes islamistes. Si ce n'est pas Daesh c'est Al-Nosra et, croyez-moi, il n'y en a pas une pour sauver l'autre. Et quand bien même aurait-il tordu les faits ou porté un jugement hâtif, il avait parfaitement le droit d'exprimer sa pensée comme tout citoyen français, et la plainte n'aurait même pas dû être enregistrée. Mais l'essentiel n'est pas là, il est dans la réaction gênée ou hostile à l'égard de l'accusé des médias et surtout des femmes et hommes politiques, pour ne pas parler d'une intelligentsia quasi muette.
Cette réaction fait irrésistiblement penser à la fable de La Fontaine Les animaux malades de la peste. "Le pelé, le galeux" dont vient tout le mal, c'est évidemment le vice-président du FN, ce parti fasciste qui fait peser une menace sur la démocratie, ce parti antisémite, homophobe, xénophobe...à l'opposé du message de paix et d'amour de l'Islam. Face à lui l'émir du Qatar a vraiment bien peu de choses à se reprocher : quelques exécutions capitales, une flagellation par-ci par là, la prison à vie pour le poétaillon Mohamed Al-Ajami, deux ou trois bougres condamnés à mort car leur vice infâme déplaît à Allah (louange à lui), ajoutons-y de lourdes peines pour des dévergondées croyant que leur vagin leur appartenait et indignons-nous de l'accusation d'esclavage porté contre lui à propos des travailleurs sur les chantiers de la Coupe du mode : aucun n'y a les fers aux pieds. Péchés véniels largement rachetés par une dévotion admirable au football et à l'art (enfermé dans les musées, car nos émirs continuent à se meubler en faux Louis XV). De mauvais esprit prétendront que "l'esprit 11 janvier" c'était avant tout la défense de la liberté d'expression, mais on connaît ses limites fixées dès notre grande Révolution : "pas de liberté pour les ennemis de la liberté". D'ailleurs qui est plus représentatif du mouvement "Je suis Charlie" que la maire de Paris, ville qui s'est levée comme un seul homme en ce 11 janvier qui paraît parfois si lointain ? Anne Hidalgo, fille de républicains espagnols exilés a choisi son camp, celui de l'émirat "qui soutient le foot féminin" (au moins, pendant qu'elles font ça, elles ne s'envoient pas en l'air avec leurs amants) et "lutte contre l'homophobie et le racisme dans les stades". Sans rire. A-t-on jamais vu un supporter du PSG raciste ou un homosexuel malheureux dans l'émirat (ces vicelards aiment les coups de fouet) ?...
Faut-il vraiment en rire ? L'hypocrisie et le double langage finissent par énerver. Hidalgo se drape de tricolore, parle avec des trémolos dans la voix des droits de l'homme, dévoile une plaque en l'honneur des combattants espagnols dans la Résistance...et apporte son soutien à une monarchie esclavagiste, bigote et islamiste, mais - soyons vulgaire - pétée de fric. La liberté d'expression d'un citoyen français est mise en danger par un état qui la piétine allègrement et personne ne moufte. Pour les belles consciences certains droits ne sont pas universels malgré ce qu'ils affirment. Tartuffe a toujours beaucoup de succès dans les pays musulmans pour sa dénonciation des faux dévots, il pourrait en avoir aussi sur la place de Paris avec les dévots des droits de l'Homme.