Enquête "Le Monde"/IPSOS : la France est un peu moins moisie mais doit faire des progrès.
Depuis quelque temps "Le Monde" nous offre chaque année une enquête sur les "fractures françaises" avec la collaboration de IPSOS, Sciences po et de la fondation Jean-Jaurès dont le but est de "rénover la pensée socialiste". Au moins on sait d'où ça parle...Le quotidien a donc chaussé ses lunettes roses et voit des "signes encourageants" dans les résultats de cette année. C'est peut-être un peu vite dit...
Partons de l'évaluation de la confiance dans certaines institutions au sens large (assez curieusement l'Eglise n'y figure pas, ni le petit commerce qui a une grande importance dans la vie des gens). On ne s'étonnera pas de voir les partis politiques et les députés au bas de l'échelle : le "tous pourris" et "ils nous mentent" fleurit sur les réseaux sociaux et la composante poujadiste de la pensée politique du citoyen français ne semble pas près de disparaître dans un "café du commerce" relooké. Sur le barreau juste au dessus, les médias auxquels 25% seulement font confiance. L'explication en est donnée par le sondage lui-même : la représentation du pays idéal que donnent les médias dominants (société ouverte, métisse, multiculturelle, tolérante, progressiste) est à rebours de la société sur bien des points. 5 institutions bénéficient d'un taux de confiance supérieur à 50% : les PME (eh oui...), puis l'armée, la police, l'école et les maires. Passons sur l'importance de travail aux yeux des gens qui va de soi. Armée, police et école manifestent un désir d'ordre et d'encadrement (un peu illusoire pour cette dernière) encore mieux exprimé par les 88% qui pensent que "l'autorité est une valeur trop souvent critiquée aujourd'hui" (les profs pourront vous en parler...) et 85% qui ressentent "le besoin d'un vrai chef en France pour remettre de l'ordre". Il est vrai qu'après trois ans de Hollande...Quant à la popularité des maires on pourrait y voir une espèce de localisme très éloigné de l'ouverture sur le monde dont on fait grande vertu. Chacun est dans son petit pré carré et ne fait confiance qu'aux proches qu'il connaît. Une telle mentalité ne va guère favoriser l'accueil de l'immigré...D'ailleurs 67% (les deux tiers des Français...) pensent qu'il y a trop d'étrangers et 61% "qu'on ne se sent plus chez soi". Le journal commente avec candeur : "les idées du FN s'installent". C'est faire bien de l'honneur à ce dernier, me semble-t-il. La réaction xénophobe est de tout temps : force de l'habitude contre attrait de la nouveauté, importance de la durée dans la formation d'une communauté, sentiment d'agression de la part des entrants (c'est même parfois une réalité). Cela explique le 70% de personnes qui pensent que "c'était mieux avant" dans une France plus rurale, plus sûre d'elle-même et de ses valeurs, mieux arrimée à son passé.
"Le Monde" complète son analyse du questionnaire par l'étude des réponses de deux groupes de sympathisants. Comme on pouvait s'y attendre le FN et le PS (exit la Droite "républicaine)...A propos du PS il parle d'une "conversion au libéralisme". Wishfull thinking : seuls 34% des socialistes pensent que "pour relancer la croissance il faut limiter le rôle de l'état et donner aux entreprises le plus de liberté possible". Certes ce n'est pas mal pour un parti de fonctionnaires, mais on n'a pas encore basculé dans le social-libéralisme, même pas la social-démocratie. Au moins ils sont "mondialistes" à 58%, Mélenchon ne va pas être content...Plus étonnant 44% pensent que les chômeurs pourraient trouver du travail s'ils voulaient. Si l'on y ajoute le culte du chef, on se dit que bientôt ils vont se trouver à droite de Sarkozy. Quant au FN, ce pelé, ce galeux, lui incombent toutes les opinions déviantes qui font se hérisser la moustache de Plenel : 81% pensent que l'intégrisme religieux est un problème sérieux (et visiblement nul ne pense à la Manif pour tous), 71% ne veulent pas de plats halal dans les cantines (Ménard leur est monté à la tête), 41% croient qu'il y a des germes de violence et d'intolérance dans l'Islam (non ?!) et 46% affirment qu'il n'est pas compatible avec nos valeurs (j'entends le cri de douleur d'Edwy et flaire comme un relent de moisi). Des années de Ruquier, de Caron et de "petit journal" pour en arriver là ! Des veaux craintifs et agressifs à la fois, il y a de quoi désespérer de ces fichus franchouillards !
Bon, je le prends à la rigolade : il est toujours plaisant de voir mettre le nez dans leur caca le "Monde" et les médias dominants. Une réponse toutefois m'attriste : 52% des Français pour le rétablissement de la peine de mort. Alors là, oui, il y a de quoi désespérer des Français.