La semaine de Cotonet : fin du latin, loi sur le renseignement, ump rebaptisée et drame en Méditerranée
Dans un film policier, probablement Le deuxième souffle, Lino Ventura pour fuir Paris en échappant au dispositif de recherche policière, prend un bus urbain, des bus de banlieues et enfin des cars où il se trouve assis à côté de fermières allant vendre leurs volailles au marché. De la même façon j'imagine que des terroristes qui voudront correspondre sauront échapper aux contrôles, loi du renseignement ou pas. Les moyens ne manquent pas: lettre écrite à la main (on fouille les disques durs comme les consciences) et envoyées banalement par la poste, pigeons voyageurs (après tout nous avions encore des régiments colombophiles en 40), courriers prêts à mourir pour la cause, messages cryptés dans "Libé"...Évidemment ce sera plus lent, mais quand l'avenir vous appartient...Tout ça pour dire que la fameuse loi qui fait débat n'est pas sans défauts. Faut-il pour autant s'en indigner en convoquant Orwell (peu de protestations où Big Brother ne pointe pas son nez de fouine) ? J'ai du mal à en percevoir le danger puisque je suis un citoyen à la conscience immaculée...Qu'on sache qui j'aime, ce que je pense de tel livre ou de tel film, mon actrice préférée ou mon opinion sur le mariage gay, peu me chaut. Cela pourrait-il un jour être retenu contre moi ? J'en doute et crois fermement à la permanence de la démocratie en Europe (je n'inclus évidemment pas la Russie et tant pis si Poutine m'écoute...). Dans l'énorme matériau qu'examineront les argousins chargés du contrôle il y aura plus d'histoires de cul que de menaces terroristes. Laissons les jouir de ce plaisir du cabinet noir.
Le latin menacé, le latin outragé, le latin martyrisé...Des lustres qu'on entend ce discours, au moins depuis le jour où on a supprimé du programme des lycées la confection de vers latins. Le barbare, cette fois, a une apparence : la sémillante Najat Vallaud Belkacem, mais aussi une réalité : un quarteron de hauts fonctionnaires incultes et bourdivins qui veulent abolir toute distinction. Bon, la menace est aujourd'hui plus sérieuse qui consiste à intégrer la langue de Cicéron dans une espèce de gloubi glouba civilisationnel à forte teneur idéologique dont on nourrira nos chères têtes blondes, mais enfin le mal vient de plus loin. Depuis longtemps on fait moins de grammaire, moins de traduction (même le thème peut être un exercice passionnant et il n'y a aucune raison de mépriser ceux qui y excellent), on n'utilise pas à plein une langue dont la structure est très formatrice pour privilégier de façon excessive l'étude souvent superficielle de la civilisation romaine. Avec un horaire qui a diminué et des heures placées en fin de journée, pas étonnant que les élèves décrochent vite. Si le latin est essentiel pour la connaissance de notre langue et de notre civilisation, il faut donner une base à tous (par exemple latin obligatoire au collège) pour ensuite en faire faire sérieusement à quelques-uns qui sauront se passionner.
J'étais étonné qu'il n'y ait pas plus de réactions à la prétention qu'a Sarkozy de rebaptiser l'UMP Les républicains. Elles commencent à se faire nombreuses et sont toutes défavorables. Elle est proprement insensée : la république à qui tout le monde s'est rallié à l'exception d'une poignée de royalistes est la forme du régime, elle se confond avec l'état, c'est la res publica des Romains, le bien commun qui n'appartient à personne. Ce mot pouvait désigner un parti au début de la 3ème république, il s'opposait alors à "royaliste" ou "bonapartiste". Là il recouvre tout le spectre des partis de l'extrême-droite à l'extrême-gauche (y compris ceux, s'il en reste, qui rêvent d'une dictature du prolétariat ou le FN quoi qu'en dise Valls). Il n'appartient à aucun. Et si c'est une référence au parti américain homonyme, ce que Sarkozy laisse complaisamment dire, c'est encore pire. Qui peut avoir pour idéal G.W. Bush ?
Drame dans le drame : des boat people africains jettent par-dessus bord une douzaine de leurs compagnons, des chrétiens alors qu'eux sont musulmans. Des commentateurs évoquant ce drame expliquent que dans une situation d'extrême danger ils ont simplement voulu sauver leur peau et qu'il ne faut pas voir là une forme de guerre de religion. Soit, mais alors pourquoi ne se sont-ils pas plutôt débarrassés des plus gros ?