Cheveux longs, idées courtes.
Ceux qui regardent les adolescentes ou les jeunes filles dans la rue (c'est péché, mais comment s'en empêcher ?) ont sans doute remarqué qu'aucune ou presque ne porte des cheveux courts. Ceux-si sont longs, mi-longs, tombent librement ou sont tenus par des épingles, des élastiques, bouclent ou sont raides, mais pas de coupe à la Jeanne d'Arc, pas d'émules des Dolly sisters, pas de ces coupes au rasoir qui vont si bien aux petits visages fins. Comment expliquer ce mystère ? Une de mes amies féministes (j'ai amis de toute sorte) qui déplore cette uniformité a là-dessus une théorie que je vous livre bien qu'elle sente le fagot.
Comme on le sait les villes dictent les usages et les modes aux campagnes et, depuis peu, les banlieues imposent leurs modèles aux villes et, comme on peut s'y attendre ceux-ci émanent des communautés majoritaires. Ainsi a-t-on vu les pantalons baggy et les survêtement Adidas habiller les lycéens de Basse-Auvergne et l'accent maghrébin fleurir en Pays d'Auge. Or les filles aussi sont prescriptrices et chacun sait le soin que les femmes arabes apportent à leur chevelure : elles l'oignent, la peignent, la parfument, la fortifient au henné de façon à ce qu'elle soit la plus longue et la plus épaisse possible.
O toison moutonnant jusque sur l'encolure !
C'est avec les yeux leur élément de séduction majeur et elle est si fortement érotisée que beaucoup sont contraintes de la cacher. La couper serait pour elle en quelque sorte sacrilège et je ne choisis pas ce mot au hasard puisque ce serait aller contre leur "arabité" et donc une de ses composantes essentielles : l'Islam (une autre étant le machisme méditerranéen et ses exigences). Du reste c'est souvent un symbole d'engagement chez les intellectuelles de gauche arabes. Mais il semble bien qu' en France les jeunes Maghrébines aient imposé ce culte de la chevelure et cette image unique de la beauté à leurs petites camarades gauloises. Notre militante ne voit pas là qu'une simple mode. Elle lui semble témoigner d'une sorte de backlash . Après la guerre de 14 la coupe à la garçonne a été un signe d'émancipation de la femme qui, s'étant mise à travailler, pouvait se libérer de l'homme et pas seulement financièrement : le saphisme fut particulièrement florissant dans les années 20. C'était aussi affirmer fortement l'égalité homme-femme et rejeter l'image de la poupée qu'on caresse et qui ferme les yeux. Ce féminisme de bon aloi serait-il en train de disparaître après avoir triomphé dans les années 70 ? Les cheveux longs, le string et les pantalons taille basse, tout est-il de nouveau fait pour harponner le mâle ? En un mot l'avenir de la Femme est-il celui que lui prédit Houellebecq dans Soumission ? De telles visions vous donnent le vertige...Vite, mes soeurs, réagissez !