Nous avions rendez-vous dans un café branché du 11ème. A l'heure dite Anne Hidalgo arrive, conduite par un chauffeur de l'Hôtel de ville. L'interview peut commencer.

Anne Hidalgo, comment vous déplacez-vous dans Paris ?

En vélib, bien sûr. Quel bonheur de rouler au printemps dans la plus belle ville du monde, d'entendre gazouiller les oiseaux, de voir les arbres reverdir et la Seine miroiter au soleil...Mais attention, comme l'a dit Bertrand Delanoë la sécurité doit être notre première priorité. Chaque cycliste doit porter un casque, de préférence de fabrication française comme le veut Arnaud Montebourg, mais aussi des genouillères car un genou écorché c'est vite arrivé, et, bien sûr, des gants de cyclistes : on ne compte plus les accidents dus à des mains en sueur qui dérapent sur le guidon. Nous allons poursuivre la politique de Bertrand Delanoë en construisant encore plus de pistes cyclables en particulier dans les quartiers défavorisés et ferons une pédagogie de la sécurité cycliste en direction des élèves du primaire grâce à la réforme de Vincent Peillon.

Paris est une belle ville mais est-ce que la présence de nombreux exclus qui monopolisent les bancs publics, mendient, agressent parfois les passants, ne la dépare pas ?

Je suis contente que vous me posiez la question. Hier, justement, je me suis arrêtée pour bavarder avec un groupe d'exclus. La prise de contact a été un peu difficile : ils ne parlaient que quelques mots de français mais le photographe qui m'accompagnait a pu communiquer avec eux en anglais. Ils nous ont tendu une bouteille de rouge et demandé des cigarettes. Je leur ai expliqué qu'ils ruinaient ainsi leur santé et que moi-même je me gardais bien de fumer et buvais modérément. Je n'ai pas saisi la conversation animée qu'ils ont menée ensuite en polonais (car ils étaient polonais)mais je suis sûre qu'ils ont compris que je voulais leur bien. D'ailleurs, avec Bertrand Delanoë, nous avons décidé de faire procéder par la Mairie à des distributions de boissons hygiéniques et de nicorettes auprès du peuple de la rue. De plus nous prenons l'engagement d'inverser la courbe de l'exclusion d'ici un an.

Tout cela demande beaucoup d'argent, comment ferez-vous sans augmenter les impôts des Parisiens ?

Bertrand Delanoë ne me l'a pas encore dit, mais il faut lui faire confiance : nous trouverons l'argent là où il est et Paris sera toujours plus belle et agréable à vivre sans qu'il en coûte un fifrelin à nos électeurs.

Votre adversaire et vous-même êtes d'origine immigrée. Quelles réflexions cela vous inspire-t-il ?

Vous n'allez tout de même pas comparer cette princesse, cette descendante d'aristocrates polonais à qui ses parents ont offert Polytechnique, cette mijaurée qui prend le métro pour faire genre avec moi qui suis la fille d'humbles immigrés espagnols victimes de la dictature, qui suis arrivé à la force du poignet à l'inspection du travail, qui ne donne pas dans la beauté évanescente. D'ailleurs Bertrand Delanoë ne la trouve même pas jolie!

Eh bien merci Bertrand De...,oups...Anne Hidalgo, et bonne chance !