Politiquement correct : ce qui les embête.
Donnons la parole à un de ses chantres : Jean Birnbaum, responsable du "Monde des livres" qui n'aime la littérature que si elle est frottée de sociologie et délivre un message politique. Il nous fait part de ses états d'âme à propos des insultes adressées à Taubira par des jeunes de la Manif pour tous qui l'ont comparée notamment à une guenon. En cela il a parfaitement raison, l'insulte était double, raciste et antiféministe et c'est ce dernier aspect qui est le plus insupportable : s'attaquer à une femme en daubant son physique, on n'attend pas à ça de manifestants dont certains se réclament des valeurs de la "vieille France". Mais il enchaîne ensuite avec un discours convenu sur les opposants au politiquement correct qui seraient maintenant les seuls qu'on entend dans les médias, ce qui est foutrement gonflé et ressemble à une inversion orwellienne de la réalité. Le "correct" ne passe pas en ce qu'il implique de conformité aux usages et moeurs, de respect des règles. Des homme de gauche se veulent par essence révoltés, anticonformistes, opposés à la société dans laquelle ils vivent, contempteurs de la morale qu'on veut leur imposer, chantres d'une liberté dont les pouvoirs ou les religions veulent les priver.Leur origine et leur idéal sont le philosophe des Lumières combattant l'Eglise et la monarchie en se livrant à un examen critique des dogmes et enseignements de l'une et des abus de l'autre. Or que sont-ils devenus ? De nouveaux clercs, journalistes (ce sont les plus puissants et pas forcément les plus profonds penseurs), politiciens, philosophe des médias, curés de tout poil, sociologues toujours prompts à corriger les impressions des gueux qui restent au niveau du vécu, grandes consciences autoproclamées, éducateurs qui ont un peu oublié les préceptes de Ferry sur le respect dû aux jeunes âmes, ont imposé une doxa qu'il ne fait pas bon mettre en doute. Pêle-mêle : l'antiracisme, le féminisme, le métissage, l'immigration-chance-pour-la-France, l'égalité des cultures, le jeunisme, le mariage gay, l'antifascisme, l'antisionisme, l'irrépressible montée du niveau dans les écoles et de la lecture chez les jeunes, la culture pour tous. Ce dogme a ses héros et ses saints : Stéphane Hessel, Coluche et les "enfoirés", Bourdieu, les Ruquier et autres Barthès, Yannick Noah et Zidane...Il a aussi une arme : les lois scélérates Gayssot et Taubira qui sanctionnent les déviations de la Pensée unique. Et, plus puissante et plus insidieuse, une propagande généralisée qui martèle cet enseignement et laisse sans voix ceux qui essaieraient de s'y opposer. Contents d'exercer cette dictature douce, ils se sentent quand-même un peu honteux. Or depuis quelque temps il y a comme un retour du refoulé et une inversion des rôles. Des jeunes qu'on a tant flattés n'acceptent plus le dogme, de mauvais esprits soumettent à un examen critique, comme l'ont fait les "philosophes", certains de ses articles (pas tous, il y en a d'incontestables, encore que...) : peut-être que l'immigration pose plus de problèmes qu'elle n'en résout, que devient la cellule familiale avec les nouvelles formes de mariage, le soutien à la juste cause des Palestiniens ne conduit-il pas à l'antisémitisme via l'antisionisme ?...Toutes interrogations légitimes qui titillent une paresse à penser que la Gauche auparavant attribuait généreusement à la Droite. Une Gauche moutonnière et confite dans sa propre beauferie, voilà en effet qui est insupportable, mais essayer minablement de travestir la vérité comme le fait Birnbaum n'arrêtera pas ce mouvement pour la liberté de penser que ne défend plus une Gauche obnubilée par une fraternité illusoire.