Pourquoi les ministres écologistes ne démissionneront pas.
Je vous fiche mon billet qu'ils ne démissionneront pas. Ils peuvent toujours amuser la galerie avec des lignes rouges à la Obama :"On va voir ce qu'on va voir si jamais..." et leurs petits camarades jaloux ont beau dire, personne n'est dupe. C'est qu'ils ont goûté au pouvoir et à ses oripeaux : les ors dorés des palais de la République (je ne me lasse pas de ce pléonasme journalistique), les huissiers déférents et les gardes républicains au garde à vous, la fesse qui s'épate sur les coussins des limousines à chauffeur. Et ce pouvoir a aussi une réalité : Pascal Canfin (qui ça ?) devient enfin quelqu'un même si on le confond avec le secrétaire d'état aux choux farcis où à l'économie libidinale, mais il y a surtout les prébendes, les postes à donner aux copains, l'argent que l'on contrôle et que l'on redistribue à son parti, parfois même à soi.Tout cela grise et on s'accoutume. Vous rappelez-vous Christian Nucci et un des premiers scandales du mitterrandisme ? Pegc devenu ministre après avoir été gouverneur de Nouvelle Calédonie, il ne se sentait plus, faisant monter ceux ou celles qu'il voulait impressionner dans sa voiture officielle qui traversait Paris à toute allure précédée de motards faisant hurler leur sirène. Il finit par détourner à son profit l'argent d'une association bidon (ah, les assoc, ces vaches à lait de la Gauche !). Chez les Verts le militant veut toujours faire de la politique autrement, mais leur parti n'échappe pas à l'apparatchikisation, si je peux oser ce mot. A un certain niveau de la hiérarchie on a droit à limousine et datcha et on fait tout pour les garder. C'est ainsi que la politique, comme dans les états socialistes, devient luttes pour le pouvoir internes au Parti et à ses alliés.
On est tenté de dire "c'est humain" et comme tel de le tolérer, pourtant il me semble qu'une solution élégante, bien que légèrement réactionnaire, est à notre portée. Comment échapper à cette fascination pour le pouvoir et à ses dérives ? En le confiant à des gens pour qui c'est une sorte de bien de famille et qui n'ont rien à prouver socialement. S'ils le perdent momentanément, ils savent qu'il finira par leur revenir ou revenir à un de leurs descendants. Je pense à ces vieilles familles "parlementaires" au sens contemporain du terme, solidement ancrée dans un terroir provincial qu'elles représentent de génération en génération ou même dans la capitale. Elles peuvent avoir une particule ou plus souvent un nom double. Leur fortune les met à l'abri des tentations (des riches peuvent être corrompus dans le monde politique : ce sont en général des parvenus avocats d'affaires ou chirurgiens esthétiques...A leur égard, soyons impitoyables !). Ils ne sont guère proches du peuple mais peuvent défendre ses intérêts comme certains nobles romains, à commencer par César, se rangeaient aux côtés de la plèbe au point même de devenir parfois ses tribuns. Il s'agit bien, en effet, de suivre le modèle romain, une aristocratie sénatoriale dont les familles exerçaient le pouvoir en alternance, renouvelée de temps en temps par un homo novus qu'on considérait avec une saine méfiance. La démocratie est une chose trop sérieuse pour la confier au peuple...