Interdire les groupuscules d'extrême-droite : une demi-mesure
Après la mort de Clément Méric le gouvernement envisage d'interdire "les groupuscules violents d'extrême-droite" et son chef qu'on n' imaginait pas si belliqueux, veut même, monté sur son blanc destrier, "les tailler en pièces". Fort bien, mais il y a quelques difficultés. D'abord il faudra définir très précisément quelle en est la dimension sous peine de se retrouver comme en 68 avec des foules scandant "nous sommes un groupuscule", à moins qu'on ne décide de faire varier cette notion selon les besoins politiques du moment. Cette définition est d'autant plus importante que la violence semble implicitement admise quand le groupe est important. Ainsi paysans et ouvriers pourront continuer à saccager des sous-préfectures ou mettre le feu à des palais de justice de même que les Autonomes de tout poil. Je ne m'étendrai pas sur le mot "extrême-droite", qui pourrait confondre la noire violence des fascistes avec les moyens légitimes de lutte de ceux qui, à l'extrême-gauche, sont au service du peuple et tout pénétrés des nobles idéaux de 89 ?
Malheureusement, comme d'habitude, le gouvernement mène une politique à la Pépère, s'arrête au milieu du gué, ne tranche qu'une tête de l'hydre de la Réaction. La voie est toute tracée. Ces groupuscules sont nés du ventre encore fécond de la bête immonde, d'un trait de plume rayons le Front National. Mélenchon a démontré subtilement un jour (le marxisme vous apprend la dialectique) que puisque c'était un parti qu'on ne traitait ni considérait comme les autres, il fallait aller jusqu'au bout de sa logique et l'interdire. Pas question pourtant de s'arrêter en si bon chemin. La presse bien-pensante vous le dit : entre celui-ci et l'UMP, il y a des "liaisons dangereuses, "de la porosité", des "verrous qui sautent". Et hop, interdisons l'UMP. Ainsi on se retrouvera entre soi. Les centristes à l'extrême-droite (ils sont à peu près autant divisés), les Solfériniens à droite (n'est-ce pas ce qui convient à un parti inféodé à la Commission européenne et au Fmi ?) et le Front de Gauche deviendra le grand parti d'opposition prêt à assumer le pouvoir. Je vous le dis : Mélenchon finira par devenir président.