Cotonet fait le jacquet et raconte l'Espagne
Alors la Crise ? Tous ces panneaux "à vendre" ou "à louer" sur les maisons ou les immeubles ? Oui, mais on se dit que les Espagnols ne l'ont pas volé puisqu'ils avaient choisi de vivre dans des bâtiments aussi moches. On a aussi dans dans les villages et les petites villes une impression de vide et d'inactivité. Il paraît pourtant que l'économie est repartie, nous taillant même des croupières (ce qui n'est pas trop difficile), c'est à n'y rien comprendre ! A moins que cela ne concerne ni la Cantabrie, ni les Asturies, ni la Galice. Pour les paysans ça va, la stabulation fleurit comme en Bretagne pour le malheur des vaches mais la fortune du fermier. Cette impression naît peut-être aussi de la quasi absence d'enfants et d'adolescents dans les rues. Ces derniers doivent être devant leur console ou Fb, mais les petits mômes en culottes courtes qui jouaient au foot dans la rue après l'école ou le paseo ? Il est vrai que le taux de fécondité des Espagnoles est dramatiquement descendu. Est-ce la Crise, d'autre part, qui a développé un sentiment d'insécurité ? Pour atteindre ma chambre d'hôtel à Irun il fallait quatre clés et on était filmé. Certes cette ville-frontière a de gros problèmes de drogue et de délinquance mais dans les petites villes de l'intérieur les hôteliers veillaient à bien mettre mon vélo sous clé alors que je ne me suis jamais senti menacé dans mes biens et que je le laissais le jour sans surveillance. Que ne leur reste-t-il la solution de l'émigration comme ces Indios partis des Asturies ou de Cantabrique faire fortune, puis revenus au pays se faire construire de vastes maisons de style colonial, voire des palais comme à Comillas où le "marquis" a fait travailler les grands artistes de son temps dont Gaudi. Mais voilà, ils ont perdu Cuba et les Philippines.
Les Espagnols passent pour un peuple rude, or ils n'entrent pas dans un lieu public sans saluer à la ronde et ils le font aussi pour l'étranger qu'ils croisent dans la rue. Cette politesse "rurale" nous était enseignée à l'école mais je crois bien qu'elle a disparu en France.D'autre part je ne sais pas de commerçants et spécifiquement d'hôteliers plus aimables et serviables sans l'ignoble obséquiosité des pays gâtés par le tourisme de masse. Ils traitent le voyageur comme on le fait dans les civilisations traditionnelles où l'hospitalité est un devoir.
Autre point : ils assument bien mieux que nous leur passé. J'avais déjà remarqué des avenues Yagüe ou ces plaques de marbre sur certaines églises du Leòn ou de Galice célébrant José-Antonio et ses compagnons "morts pour l'Espagne". Cette fois j'ai vu deux rues "Division azul" (imaginez une place de la LVF à Paris...). A l'inverse d'autres plaques ou statues rappellent çà et là les exactions et meurtres franquistes. Ils ont eu dans leur histoire leur part d'ombre, de gloire, d'horreur. Ils ne renient rien parce que cela a été, ils ne refoulent pas. D'ailleurs l'Histoire dont la nature est de sans cesse réviser peut changer un jour le négatif en positif. Pas question de ça chez nous, les policiers de la bien-pensance veulent nous imposer une vision unique et avec eux les poubelles de l'Histoire débordent. Comme s'il y avait des poubelles de l'Histoire...Mais je m'égare.
Ah, et le folklore des langues régionales ! J'ai retrouvé dans les Asturies les panneaux routiers avec [u] pour [o]. On a l'impression d'être en Corse...Les Galiciens, eux, veulent qu'on refasse les panneaux d'autoroutes dans leur langue. C'est urgent dans cette période d'austérité...Voilà qui me rappelle ces jeunes gens - souvent des instits - dans les années 70, qui arboraient sur leur 4L un autocollant "En Poêtou, y causans poêtevin", lequel poitevin n'était qu'un conglomérat de patois qu'ils travaillaient par ailleurs à faire disparaitre pour le plus grand bien de leurs élèves. Grotesque! Une fois de plus proclamons le : "España, una, grande, libre !"
Et maintenant un jacquet parle aux jacquets : Si vous aimez la Nature, les paysages, l'effort physique et la solitude, préférez le camino del Norte, pour les amateurs d'art et de contacts humains, le camino frances. Ultreïa !