Mali : la victoire en chantant leur ouvre la barrière
J'ai fait un rêve.
A Montreuil et sur tout le territoire français on a ouvert des bureaux de recrutement où les ressortissants maliens se précipitent pour défendre la mère-patrie. On entonne des chants patriotiques, on agite des drapeaux; drapées dans leurs boubous de fêtes mères, soeurs et fiancées poussent des youyous et leur jettent des fleurs les encourageant à courir sus à l'ennemi. Il ne sera pas dit que des troupes coloniales libéreront leur pays et ils sont tout prêts à mener la guerre d'indépendance qu'ils n'ont pas eue. Le gouvernement français, qui a quelque expérience en la matière, organise des vols charters à destination de Bamako où une foule enthousiaste accueille les volontaires. A Bamako justement et dans tout le sud du pays les sapeurs qui éclusaient du whisky dans les bars-dancings, tous ceux qui ne résistaient pas à une Somalibo bien fraîche quand il fait 40°, les amateurs de musique, les culs-bénits convertis par les rares missionnaires, les petits trafiquants du marché aux voleurs montent au front dans un élan qui rappelle celui des soldats de l'an II. Comme autant de "Mères courage" les suivent les femmes adultères et les commerçantes éclatant dans leur pagne : elles feront office d'infirmières et de cantinières. Sur les taxis-brousse réquisitionnés on peut lire "Les libérateurs de Gao" ou "Tombouctou est à nous". Les ray-bans miroitent au soleil, on tire des rafales de FM, certains brandissent de vieilles pétoires à phacochère. Déjà le corps expéditionnaire est noyé dans cette déferlante humaine qui les entraîne toujours plus loin vers le Nord et dans la poussière soulevée on croit voir les cavaliers de Soundjata. Là-bas fuient, débandées les troupes terroristes (pour reprendre la terminologie du président Hollande). J'ai fait un rêve : aucune exaction n'est perpétré par cette armée populaire qui ouvre tout grands ses bras à ses frères "blancs" pour les réintégrer dans la communauté. Aucun Touareg chatouilleux ne perd son honneur parce que sa femme ou ses filles auront été violées, pas le moindre chameau ni même dromadaire volé. Le seul sang qui coulera sera celui des moutons qu'on égorge pour célébrer la renaissance du Mali éternel.
C'est con les rêves.