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Causons derechef
15 décembre 2012

L'affaire Cahuzac ou le journalisme dans ses basses oeuvres

Rappelons, mais qui n'en a pas entendu parler, que le ministre du budget est accusé par Mediapart d'avoir eu un compte non déclaré en Suisse et, pour faire bonne mesure, d'avoir acquis dans des conditions douteuses son appartement avenue de Breteuil. Coupable ou non-coupable, c'est la première question qu'on se pose. Or il a toutes les apparences du coupable idéal : un chirurgien qui s'est spécialisé dans la chirurgie esthétique, avec, donc, une clientèle riche et prête à tout pour faire remonter ses seins ou remuscler sa panse, peut sans grand risque d'erreur être considéré comme avida dollars. Comme plus on est riche, plus on a envie de mettre son argent à gauche (si j'ose dire), il est possible qu'il l'ait planqué en Suisse, ne serait-ce que pour faire face aux échéances de son emprunt pour un appartement de 140 m2 dans le quartier que nous avons dit. Moyennant quoi, comme on dit, il a droit à la présomption d'innocence. Cela, de l'avis même de membres de l'opposition, il est vrai qu'il s'agissait de personnes s'étant déjà trouvées dans cette situation ou menacées de l'être (ne donnons aucun nom).                                                                                                        Voyons plutôt qui profère ces accusations et  comment il les étaie, là nous sommes édifiés. Tout est basé sur des lettres anonymes, un enregistrement à peu près inaudible de conversation téléphonique, quelques personnages louches, sur fond de vengeance et de chantage. Plenel a beau faire monter la mayonnaise pour vendre sa salade :"Vous en saurez plus bientôt, nous allons produire toutes nos preuves" on n'arrive pas à y croire. Les produire devant un tribunal, a-t-il précisé. Dans ses mauvais jours il se rêve en Fouquier-Tinville.Comment ne pas être dégoûté par ce type de journalisme fouille-poubelle (et ce n'est pas seulement une image, rappelez-vous le journaliste d'extrême-droite Montaldo qui avait fait un coup en passant avant les éboueurs devant le siège du PC ou d'une banque amie) qui pue les officines et les petites feuilles à chantage de la 3ème république, plus proche de la délation que de l'information, et qui veut faire croire qu'en s'attaquant à un homme il mène une guerre idéologique. De son passage chez les trotskystes Plenel a retenu que la fin justifiait les moyens. D'une part ces moyens sont répugnants (et Dieu sait si ce grand moraliste ne se gêne pas pour les dénoncer chez les autres). D'autre part ils ne sont pas au service d'une grande cause, mais de celle de Plenel lui-même qui soigne ainsi une blessure narcissique qui lui donne son air torturé. Ce garçon ambitieux mais de peu de moyens a cru que c'était arrivé au moment de l'affaire des Irlandais de Vincennes (mensonges et barbouzerie sous Mitterrand) qu'il avait révélée.Il a continué son chemin jusqu'à presque atteindre les sommets : rédacteur en chef du Monde. En quelques années, avec son complice Colombani, il a presque coulé le "prestigieux quotidien" entre les investissements risqués et les hymnes échevelés au métissage, avenir radieux de l'humanité. Il finit donc par être vidé comme un malpropre et ne s'en releva pas, d'où cette frénésie qu'il met à faire éclater des pétards mouillés (combien d'affaires qu'il a "révélées" ont été enterrées faute de preuves suffisantes) tout en donnant des leçons à ses confrères (à propos du dernier :"J'espère que la profession enquête sur ce fait au coeur d'un conflit d'intérêt"). Un chevalier blanc ? Non, un triste sire.

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