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Causons derechef
20 novembre 2012

Les "Mémoires secrets" de Mitterrand (publié sur mon blog disparu le 3/03/2012)

Il n'y a pas de Mémoires secrets de Mitterrand.

Ou peut-être que si. Laissons libre cours à notre imagination. Les services secrets bordures...Non, un commando de plombiers envoyé par le PS...Non, plutôt une veuve abusive. Forçant peu après la mort de son mari le tiroir d'un mystérieux secrétaire, elle découvre le manuscrit. Ayant lu quelques pages elle s'aperçoit bien vite que dans ce domaine aussi il l'a trompée, elle l'indécrottable militante de gauche, et de rage elle jette au feu les feuilles. Car Mitterrand est de droite, fondamentalement et intrinsèquement de droite. Je vous entends déjà :"Mais, nous le savions" et revoici pêle-mêle l'étudiant maurrassien du 104, le maréchaliste, Bousquet, l'UDSR, le ministre de l'intérieur à poigne de la IVème, un Rastignac (jeune, ambitieux et charentais, comment vouliez-vous qu'il échappât à ce surnom) qui, voyant toutes les voies se fermer devant lui quand, avec De Gaulle, la Droite se crut installée au pouvoir pour des lustres, choisit de faire du PS l'instrument de sa conquête, un monarque distribuant des prébendes à ses courtisans. Puis vous finirez par dire que tout imprégné de son niveau discours il a fini par y croire et vous rappellerez ses invectives contre l'Argent. Mauvais exemple : c'est cette bonne bourgeoisie de province à laquelle il appartenait et à qui il fut toujours fidèle qui parle, celle qui déteste le fla-fla et qu'on étale sa richesse sur laquelle pèse la malédiction catholique. De toute façon la question n'est pas là. Ce qui définit un homme, c'est sa culture et plus précisément les écrivains qu'il fréquente aux deux sens du terme. Voyons un peu. Chardonne, pas vraiment celui du voyage à Berlin mais le chantre des vertus de la bourgeoisie de province et des paysages charentais, Jünger déjà presque centenaire invité à l'Elysée, Jacques Laurent ou Guy Dupré derniers hussards dans le paysage (mais soyons fou jusqu'au bout et imaginons le président après ses visites aux bouquinistes du VIème allant se soûler avec Blondin au bar-Bac). Nuançons : c'était ce qui définissait un homme. Sarkozy se fait une gloire de son inculture et qui a jamais entendu Hollande parler avec enthousiasme d'un écrivain ou même en parler tout court, nourri qu'il semble être d'essais politiques d'actualité et de biographies-alibis en bon petit enarque des nouvelles générations.

Il faut imaginer Mitterrand le soir, dans le secret de son cabinet, sa femme le croit chez une de ses maîtresses. Un sourire sardonique aux lèvres il laisse courir son "Mont-blanc" sur le papier, faisant des portraits au vitriol de ses ministres, la naïveté de certains, leur prurit de modernité, jugeant avec cynisme sa propre politique, évoquant avec lyrisme les femmes et les livres aimés, tout ce qui a compté pour lui. Quel écrivain (2 ou 3 noms viennent au bout de ma plume mais je les tairai pour ne vexer personne) rédigera enfin ces mémoires qui n'existent pas ?

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