Méfiez-vous quand-même des Islamistes (publié sur mon ancien blog le 1/12/2011)
Après la Tunisie le Maroc, après le Maroc l'Egypte, bientôt la Libye : les islamistes déferlent sur le nord de l'Afrique semblant balayer le "printemps arabe". Leur légitimité est incontestable puisqu'elle est née des urnes mais qu'ils aient accédés ainsi, ou soient sur le point de le faire, au pouvoir, ne leur accorde pas un brevet de démocratie.
Ils se l'attribuent pourtant, d'abord en faisant référence à la Turquie. Or, bien installé au pouvoir, Erdogan jette le masque : les procès de presse et emprisonnements de journalistes se multiplient de même que les accusations de complots et la répression contre les Kurdes (sur ce point il n'a pas tout à fait tort, le PKP est à peu près aussi estimable que l'ETA...). La démocratie suppose aussi l'alternance et celle-ci sera-t-elle respectée ? Dans la plupart de ces pays, voire tous, les islamistes seront facilement réélus parce qu'ils continueront, mi-intérêt mi-religion, leur politique de charité envers les plus démunis et de lutte contre une corruption qui ne disparaîtra pas du jour au lendemain. De réelection en réelection viendra un moment où ils se sentiront légitimés pour garder le pouvoir par n'importe quel moyen même si les citoyens veulent secouer leur joug.
Il y a aussi la question de la charia. A les entendre ce sera la version soft "adaptée à chaque pays"( ce qui va contre l'idée de la communauté des croyants). Certes on ne coupera pas des mains, ça fait sale, c'est inefficace et barbare aux yeux des mécréants, ça sera insidieux et bien pire. Les islamistes marocains n'ont pas voulu que la liberté de croyance (ne parlons même pas de culte) soit inscrite dans la constitution. Que deviendront les minorités chrétiennes en Egypte, la leur imposera-t-on quand on voit les problèmes que cela pose dans un état pourtant fédéral comme le Nigeria ? Ne plerurons pas sur ces Infidèles, mais les patrons de bistrot, les homos, les femmes (je n'ose même pas penser au sort des femmes homos), les moutons ? Comme ils doivent regretter qu'Isaac n'y soit pas passé, les moutons, et en vouloir à Allah ou Yaveh, quel dommage qu'ils ne votent pas! Benkirane a dit tout le bien qu'il pensait des pédés contre lesquels il faut protéger la société marocaine (Il n'a jamais dû mettre un pied à Marrakech) et son parti a lutté becs et ongles contre un code de la famille réformé mais encore loin de ce qu'il est en Tunisie où il est maintenant menacé.
Seulement, quoi faire ? L'Algérie a montré que la confiscation de la victoire ne marchait pas, d'autant qu'elle fut le fait d'une armée corrompue et affairiste, ce que sont les armées dans ces pays : elles ne se sont jamais battues ou l'ont été et sont tout juste bonnes à s'en mettre plein les poches et à jouer les supplétifs de la police. Alors ? Que les partis non-religieux considèrent un peu le petit peuple et que leurs leaders cessent de s'enrichir. On peut toujours rêver. L'éducation ? L'islamisme ne touche pas que des fellahs illettrés (Maroc ou Egypte) mais aussi une petite bourgeoisie intellectuelle en voie d'ascension sociale. C'est pourtant en elle qu'il faut croire et il faut espérer qu'elle permettra aux peuples de secouer ce dernier joug.