Sales coups pour le cinéma
Ces dernières semaines ont été rudes pour le cinéma français. Non, je ne parle pas de la sortie de Ducobu passe au vert, mais de la fermeture de la dernière salle sur les Champs-élysées et du cinéma de Trappes débaptisé "Omar Sy" après avoir porté le nom d'un des plus grands réalisateurs français.
J'allais peu au cinéma sur les Champs qui ne projetaient depuis longtemps, à part une ou deux salles dans des rues transversales, que des films commerciaux et je me cantonnais au Quartier latin, avec quelques incursions à Montparnasse ou sur les boulevards. Mais tout de même! Sous l'Occupation les Parisiens trouvaient dans les salles des Champs-élysées tous les grands films d'une période qui fut particulièrement riche, et ceux-ci leur faisaient un moment oublier leur triste sort. Puis dans les années 60 beaucoup de sociétés de production s'y étaient établies et on pouvait y croiser Godard, Truffaut, Chabrol, Rivette, toute l'équipe des "Cahiers. Certes les choses se sont gâtées par la suite et on n'y voyait plus guère que des blockbusters et les films de fin d'année qu'on va voir en famille, mais ce fut historiquement un quartier important pour le cinéma et ça serre le coeur de voir ce qu'il est devenu : fripes, malbouffe, cafés sinistres, touristes étrangers et jeunes de banlieue. Le cinéma n'y avait plus sa place. Quelques bastions résistent ailleurs, mais jusques à quand?
Le deuxième évènement est plus grave à cause de sa valeur symbolique. L'injure faite à Jean Renoir, immortel auteur de La grande illusion et de La règle du jeu, un des réalisateurs français les plus respectés au monde, m'a fait penser irrésistiblement à ces statues peinturlurées, brisées, abattues aux Etats-Unis par des jeunes "wokes" excités et souvent ignorants, guidés par la haine du Blanc. Car il faut bien l'admettre : rendre hommage à Trappes à un comédien d'origine africaine né dans la ville et punir par la même occasion un vieux Blanc avec des valeurs démodées, c'est un acte politique et démagogique pour se concilier "la diversité". Je ne suis pas choqué qu'on baptise un cinéma du nom d'un comédien ou d'une comédienne, je suppose même qu'on en a ainsi honoré, mais au nom du ciel, pas n'importe qui. Omar Sy est loin d'être un acteur exceptionnel, pour dire le moins, et l'argent qu'a rapporté Intouchables ne lui donne pas l'aura du génie. Et puis quel mauvais exemple a donné le maire de Trappes! D'autres vont vouloir marcher sur ses traces : Hidalgo transformant la Comédie-Française en Théâtre Djamel Debbouze ou la salle de la Bastille devenant Opérap de Paris. Le même courant "woke" s'installe dans nos universités dont les étudiants suivent comme des petits toutous leurs maîtres américains. C'est à pleurer et on a envie de crier "Yankee, go home!"