17 octobre 2022
Va donc, hé paysan!
Je feuillette en ce moment un livre intitulé Vive la France! : des photos de Cartier-Bresson prises dans les années 60 illustrent des textes de François Nourissier qui évoquent la société française de l'époque sous tous ses aspects, la ville, la campagne, les classes sociales, les mentalités, les jeunes, les curés...Ce livre rappelle souvent Mythologies, ce qui n'est pas un mince compliment. Un de ses courts chapitres s'intitule "Paysan, va...", rappelant cette injure dont le conducteur parisien, roi du bitume, accablait en fait... [Lire la suite]
29 septembre 2016
La mort à la campagne : petite leçon d'anthropologie à l'usage des bobos qui n'y mettent jamais les pieds
On revient une dernière fois au village pour y enterrer le dernier mort et y fermer la maison qui sera vendue. Ce sont d'abord les souvenirs qui affluent. Le corbillard municipal montait la côte menant de l'église au cimetière, flanqué de quatre "porteurs" tenant les cordons du poêle, suivi du curé que précédait un enfant de choeur en surplis brandissant une grande croix d'argent; derrière, les hommes en costume sombre et les femmes un fichu sur la tête. Entre deux enterrements on garait le char funèbre à côté des bains-douches sous... [Lire la suite]
25 juillet 2015
Pour les paysans
Croquants, manants, bouseux, culs-terreux, péquenaud, pédzouilles, les qualificatifs infamants n'ont jamais manqué au cours des âges pour désigner les paysans et voici que cette engeance fait encore parler d'elle et un quelconque ministre leur a demandé de lever immédiatement leurs barrages parce qu'ils gênaient les Français (visiblement les ploucs n'en font pas partie) qui ont besoin de repos. Bah, ce sont les derniers soubresauts de la bête en train de mourir et qui n'a pas l'élégance d'y prêter la main. Dans quelques dizaines... [Lire la suite]
11 novembre 2013
11 novembre au village
Pendant toute mon enfance, dans les années 50, j'ai assisté à la cérémonie du 11 novembre. Elle se déroulait autour du monument aux morts de la commune, face au bâtiment qui réunissait la poste (à cette époque il y avait un receveur à plein temps) et la mairie, au bas du jardin public que venait de créer un maire ambitieux voulant donner un peu de lustre au village. Ce monument était modeste : pas de poilu brandissant un fusil et courant sus à l'ennemi ou au contraire frappé d'un coup mortel s'offrant comme une victime sur l'autel de... [Lire la suite]
22 octobre 2013
Un petit coup de nostalgie : la mère Denis et autres vieilleries
La mère Denis : sa trogne vermeille tannée par les grands vents du Cotentin et comme flambée par le calva, son fameux "c'est ben vrai ça", son air matois de paysanne qui voit venir les gens de la ville : le mariage réussie de la publicité et de la France profonde telle qu'elle n'existe plus. Elle évoque les draps blanchis sur le pré et cette profession disparue : les laveuses. Mon village comme tous possédait un lavoir municipal construit à la fin du siècle précédent. Dans les années 50 des femmes s'y retrouvaient, peu... [Lire la suite]
29 septembre 2013
Des galopins aux Roms
A la campagne, dans mon enfance, on les appelait galopins (au sens de celui qui ne tient pas en place) avec ce léger mépris du sédentaire pour le nomade. Le mot correct (et devenu obsolète) "bohémien" paraissait un peu affecté. Chaque famille vivait encore dans une roulotte et elles étaient rarement plus d'une demi-douzaine à voyager ensemble. Ils s'arrêtaient au coin d'un bois et y campaient pendant deux ou trois jours. Les femmes allaient vendre leurs paniers dans les fermes alentour et les hommes rétamaient les... [Lire la suite]