Paris, l'enfer des Jeux
Jusqu'à maintenant Hidalgo s'était contentée de défoncer la moitié des rues de Paris pour faire des pistes cyclables et conquérir le coeur du bobo à vélo (j'en suis) et l'estime des édiles de l'Europe du nord, mais désormais elle s'attaque à la culture, plus spécifiquement à la littérature, en voulant virer les bouquinistes. C'est normal, me direz-vous, elle n'a jamais lu qu'un livre dans sa vie. Malheureusement il s'agissait de Fahrenheit 451. On a eu beau lui représenter que les boîtes à bouquins faisaient partie du Paris d'Amélie Poulain au même titre que Notre-Dame, la Butte ou les bateaux-mouches, elle s'obstine et on la sait têtue comme une bourrique. Peut-être reviendront-ils sur les quais avec leurs boîtes, mais de toutes façons bien d'autres catastrophes nous attendent lors de cet été meurtrier. Cela pourrait commencer dès l'atterrissage à Roissy de privilégiés venus de pays lointains et qui ont pu s'offrir des billets pour les Jeux à des prix prohibitifs.J'imagine une puissante manif d'écolos soucieux de l'empreinte carbone qui leur feront une conduite de Grenoble jusqu'au périph où ils les lâcheront dans la nature, à la merci d'une jeunesse frustrée qui doit se contenter de jouer au foot sur des parkings de HLM ou les pelouses mitées de leurs parcs en rêvant de leurs idoles. Arrivés en ville, nos touristes découvriront une vieille tradition française : la propension des hôteliers, loufiats, chauffeurs de taxis et tutti quanti à estamper le provincial, alors l'estranger, pensez! Et que j'oublie ta monnaie, et que j'augmente le prix de la nuitée malgré les tarifs affichés, et que je fasse la culbute sur le prix des bouteilles d'un vin médiocre qui vous trouera l'estomac. S'ils prennent les transports en commun pour se rendre sur le lieu des exploits de leurs champions, ils découvriront avec surprise bus et métros non climatisés, quant aux taxis ils se feront un plaisir de les transporter d'un point A à un point B en ligne brisée : c'est ainsi que l'on découvre une ville. J'imagine que les cabarets du "Gay Paris" pratiqueront aussi des prix olympiques qui effaceront le manque-à-gagner des années Covid. Mais, broutilles que tout cela, bien pire les attend. On aura beau virer les derniers clochards (bien inoffensifs) ou les mamans roms avec leur petit (ça fait mauvais effet), il restera assez de mendiants insistants, de pickpockets, de francs bandits jouant à l'attaque de la diligence en prenant d'assaut un car de touristes, pour leur pourrir la vie. Et je ne parle pas de l'accueil dans les commissariats parisiens. Je n'évoque même pas un attentat toujours possible malgré les précautions prise ni des émeutes comme celles qu'on a connues récemment : une nuit trop chaude, un rodéo interrompu, une balle perdue, c'est vite fait et ça peut se répandre comme une tache d'huile, et pas seulement autour du Stade de France. Alors,amis étrangers, croyez-moi : ne vous abattez pas comme des criquets sur notre capitale, vous courez de gros risques et serez bien déçus. Boycottez un spectacle où s'étale le chauvinisme le plus abject. Allez plutôt visiter des pays au riche patrimoine culturel, ne serait-ce que pour faire la nique à Hidalgo.