24 avril : et le vainqueur est...
On tympanise depuis des mois l'électeur avec une multitude de sondages et de prédictions voulant faire croire à une compétition ouverte dont sortirait vainqueur le candidat (c'est un neutre) le plus vaillant. Il est temps que la plaisanterie et le faux suspense s'arrêtent et je vais donc vous dévoiler ce que vous saviez déjà : Macron, dit le godelureau, l'oint du Seigneur et l'élu de ses pairs, l'emportera au second tour face à Marine, fille reniée par son père mais qui reste l'idole de la France d'en-bas.
Comment aurait-il pu en être autrement? Ne mentionnons que pour mémoire la cohorte de baltringues qui figurent à chaque présidentielle. Voici Lassalle ,le berger à l'accent inimitable dont la voix de bronze rappellera à quelques nostalgiques un candidat de 1965. Voici Nathalie, femme sans apprêts, clone de celle qui l'a précédée ("Lutte ouvrière" est une armée de clones). Voici Dupont-Aignan, dont le nom sent si bon la France mais dont on se demande comment il a pu trouver l'argent et les parrainages pour délivrer un message d'un vide aussi sidérant. A ce petit noyau se sont joints cette année Fabien Roussel qui espère donner un sursis au grand parti de Maurice en brandissant un litron et un sauciflard, mais aussi - horresco referens- Anne Hidalgo pauvre femme qui s'est cru un destin national; après avoir coulé Paris elle s'apprête à liquider notre grand parti de gauche. Tous ceux-là étaient le fond du panier et personne n'a imaginé un instant qu'ils pussent l'emporter. Sondeurs et journaleux ont essayé de jouer sur nos nerfs avec le peloton : Qui de Jadot, le grand mou, de Mélenchon l'excité, de Pécresse la reine des meetings, de Marine toujours là et de Zemmour qui veut chasser les Mores de notre pays, allait l'emporter? Et de sortir un sondage par jour qui contredisait tous les autres, et de proférer d'un air pénétré des analyses qui montraient que le coureur échappé serait vite rattrapé mais que, non non, ça ne serait pas celui ou celle à qui on pensait. Ignorance ou manipulation : à partir du moment où Pécresse s'est effondrée sans retour, la situation était claire : Macron ne serait pas battu. Les deux excités se sont peu à peu effrités et Jadot est toujours resté aussi terne. Certes MLP poursuivait son petit bonhomme de chemin, mais on ne peut dire qu'elle volait vers la victoire, d'autant que rien n'est plus solide qu'un plafond de verre, elle le sait d'expérience et chacun devrait le savoir. J'ai encore vu cette semaine des gens que je croyais raisonnables et posés s'affoler et crier au fascisme qui vient (ce que j'entends depuis plus de 50 ans, et j'attends toujours sa sortie du bois. Evidemment tout cela profite au Godelureau qui se drape dans la défense de "nos valeurs républicaines" qu'il a si bien su piétiner à l'occasion. La pièce est jouée et tous les jobards voteront pour lui.
Reste-t-il des recours pour les antimacronistes? Bien peu. Certes il y a les législatives qui suivront, mais, en supposant même qu'elles ne soient pas avancées par un maneuvre déloyale du pouvoir, elles seront gagnées par Macron et sa bande. L'extrême-droite sera de nouveau victime du mode de scrutin, La Gauche est dans les choux pour un certain nombre d'années. Les écolos ont beau prophétiser la Catastrophe finale, on ne les prend pas au sérieux. Reste la Droite, mais il ne faut pas compter sur elle : après une deuxième défaite, elle va éclater et courir à la mangeoire pour se fondre avec les macronistes dans un grand parti libéral-libertaire au service du capitalisme. C'est donc plié, ne rêvez pas! tout juste pourrez-vous vous consoler en vous abstenant en masse, ou en votant blanc, ou même en votant pour tel ou tel opposant à Macron dont vous n'aimez pas le programme, afin que le président sortant ait encore moins de voix qu'il y a 5 ans et soit humilié. C'est une piètre consolation, mais il va bien falloir vous en contenter.