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Causons derechef
25 février 2022

Souvenirs des élections présidentielles (1)

J'ai connu la première présidentielle et me la rappelle parfaitement même si j'étais alors trop jeune pour voter. J'étais alors interne dans un lycée, en classe terminale, et sans être très politisés (je ne connaissais qu'un condisciple qui militait,aux "jeunesses socialistes", ce qui était très raisonnable...) nous nous intéressions à lévènement. J'ai même distribué des tracts pour un candidat malgré ma timidité,un après-midi dans les rues de Niort. Je vous laisse deviner lequel. Je sais par coeur la liste des candidats, qui n'étaient pas très nombreux, il est vrai, et il semblait facile à l'époque de recueillir les précieux parrainages au vu de la notoriété de certains. Donc, à tout seigneur tout honneur, De Gaulle dit le grand Charles ou Charlot (des sous!) ou, avec plus de révérence, le Général. Il espérait une élection de maréchal et se trouva fort marri d'être mis en ballotage. Il fit, du coup, une brillante prestation à la télé avant le second tour, interrogé par Michel Courbe, comme disait le "Canard". C'est là qu'il s'agita sur sa chaise en fustigeant ceux qui sautent comme des cabris en criant "L'Europe, l'Europe!". Il battit donc au second tour Mitterrand, candidat de la Gauche unie, en dépit de l'opération de Servan-Schreiber pour trouver un improbable "Monsieur X" (qui se révéla être Deferre, dit Gastounet) qui ne tint pas la route face au florentin du Morvan. Un troisième homme concourut à sa mise en ballotage, le centriste et atlantiste Lecanuet qui fit un tabac à la télé grâce à son physique avantageux et à sa jeunesse. Mauriac l'avait surnommé férocement "le Kennedillon". Restaient 3 marginaux.L'homme à la voix de bronze qui avait défendu des militants de l'OAS et qui grâce aux voix des pieds-noirs et des débris de la Collaboration obtint plus de 5%, Tixier-Vignancourt, dont la rancune à l'égard de De Gaulle était immense, se désista en faveur de Mitterrand. Un sénateur de la Charente (est-ce assez balzacien ou chardonnesque!) dont la particularité était d'être plus grand que le Général se présentait pour un petit parti pro-européen. En queue de peloton nous eûmes l'inénarrable Marcel Barbu, indpendant de tout parti, et dont les discours obscurs étaient coupés de sanglots.

Nouvelle élection en 1969 après la démission de De Gaulle, la première à laquelle je participai car je venais d'avoir 21 ans. Le pays venait d'être secoué par les "évènements" de 68 et la Gauche avait subi une défaite électorale sévère aux Législatives, donc le jeu n'eut lieu rééllement qu'entre candidats de droite. L'union de la gauche se révéla impossible et le petit père Duclos, vieil apparatchik qui joua la bonhomie avec son accent bigourdan, son passé d'enfant de choeur et sa formule passée à la postérité quand il s'agit de se désister pour le second tour : "blanc bonnet et bonnet blanc". Il obtint ainsi plus de 21%, un score que le PC ne devait jamais plus atteindre. Très loin derrière le "ticket" Mendès-Defferre (coucou!revoilà monsieurX) ramena la SFIO et les clubs à 5%. Rocard pointa son museau, mais le PSU était un parti d'étudiants qui ne votèrent guère. Le combat final eut lieu entre Pompidou, qui s'était mis sur les rangs avant la mort du Chef lors d'un discours à Rome, et Poher qui assura l'intérim en tant que président du sénat. Visiblement le pouvoir lui plut et il voulut prolonger l'expérience, poussé probablement par la Droite "américaine". Mais enfin, surtout aux électeurs de Gauche qui eurent à choisir au second tour entre les deux, il paraissait que leur politique était la même, ce que résuma excellemment un dessin de Reiser en 1ère page de "Hara-kiri hebdo" : 2 fonds de pantalons bien remplis avec cette légende "Pompidou-Poher, lequel a les plus grosse fesses?". Restaient 2 candidats "folklo" (révérence gardée) : un certain Ducatel, sorte de Barbu en moins rigolo et le soldat Krivine faisant son service en Lorraine ("Quand l'artilleur Krivine arrive en garnison/ Toutes les p....de Metz se mettent à leur balcon). On lui permit de se présenter et il obtint un score tel qu'on pouvait attendre, mais enfin il eut la gloire d'être le premier candidat d'extrême-gauche à des présidentielles (coucou, Nathalie).

Mes souvenirs ne s'arrêtent pas là, j'ai prévu d'aller au moins jusqu'en 1981, mais je préfère (rire diablolique) vous faire languir pour la suite. Du reste, je suis incapable d'un effort trop long et l'Ukraine m'inquiète, je reprendrai ça plus tard.

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Commentaires
L
La nostalgie permet de remonter le temps lorsqu'on était encore plus jeune et me souviens donc d'un semblable exercice il y a 5 ans. Bonne chance pour celui de 2027, 2032, 2037 etc...
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Causons derechef
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