Ce grand scandale de la pédophilie au coeur de l'Eglise catholique proclamé à son de trompe urbi et orbi, oserais-je le dire : ça m'en touche une sans faire bouger l'autre. Comment! Je ne suis pas indigné par toutes ces souffrances, ces vies brisées? Qu'y puis-je, je n'y arrive pas. Absence d'empathie, soit, mais surtout, je crois, d'imagination. Je n'ai pas été exposé à de telles agressions. Ou à de telles tentations. Et pourtant, j'ai affronté sept ans d'internat, mais c'était dans un lycée de garçons laïque et républicain. Jamais un pion n'est venu s'asseoir sur mon étroit lit de pensionnaire et n'a glissé une main fureteuse sous mes draps, jamais un prof, en passant dans les rangs, n'a jeté un regard brûlant sur ma nuque (pas même ma prof d'anglais de 1ère - car quelques personnes du sexe figuraient dans le personnel - dont j'étais amoureux). J'étais, comme tous les enfants et adolescents, curieux des choses du sexe et je ne suis pas sûr que j'aurais résisté au désir d'un adulte qui aurait voulu jouer les initiateurs (entre nous autres élèves il n'en était pas question, je n'ai jamais vu s'y développer une "amitié particulière" et chacun affichait son mépris pour ce qu'on appelait à cette époque les tapettes). Je me demande si, en mettant le plaisir obtenu et la curiosité satisfaite dans la balance, je n'aurais pas pardonné à mon "agresseur". J'ose même imaginer qu'il n'y a pas que les initiateurs d'un tel ramdam, que de nombreux autres ne poussent pas des gémissements et ne battent pas leur coulpe, et que même gardent un souvenir attendri du "monstre" qui savait peut-être mêler désir et douceur. Mais je m'arrête avant de déraper et d'être accusé d'apologie de crime sexuel...

  Autre chose me chiffonne dans cette histoire, c'est le prétexte pris pour tomber à bras raccourcis sur l'Eglise. Que voulez-vous, j'ai fait ma communion et suis allé à la messe dans ma jeunesse, et j'ai beau être devenu assez vite athée, je reste un de ces "catholiques zombies" dont parle emmanuel Todd. Je suis toujours un grand visiteur d'églises et un amateur de musique religieuse, traditionnelle comme vous vous en doutez...Je n'ai pas tout-à-fait renoncé aux pompes et aux oeuvres d'une institution dont je me sens un peu solidaire. Alors la vertueuse indignation des laïcards et autres "républicains" à propos du secret de la confession me fait rigoler. Il ne fait aucun doute pour moi qu'il est inviolable. C'est une histoire entre un homme et le dieu auquel il croit où le prêtre n'est qu'un intermédiaire qui ne saurait dénoncer toutes les déviances dont il est le confident. Que la menace d'un mouchardage pèse sur ce sacrement et aucun criminel n'ira plus à confesse et ne sera plus incité à se dénoncer lui-même. A chacun son boulot, curé ou gendarme, ce n'est pas la même chose. Quant à l'appel à la démission collective des évêques de France, je me suis d'abord dit :"Ils sont fous, les évêques actuels n'ont rien à voir avec des méfaits commis il y a des années, c'est une gesticulation ridicule." Et puis quelque chose m'a mis la puce à l'oreille. La demande a été lancée par la camarilla progressiste qui a toujours haï la hiérarchie catholique et voudrait donner tous les pouvoirs de décision aux fidèles. Or un certain François, qui se prend pour Jean XXIII voudrait bien asseoir complètement son pouvoir en donnant un grand coup de balai pour se débarrasser des évêques "réacs" qui tolèrent la messe en latin et tout ce qui va avec. Je n'irai pas jusqu'à dire que le pape est à l'origine du rapport Sauvé, mais il a su en profiter. Il faut toujours se méfier des jésuites...N'oublie pas, François, que sans le latin la messe nous em.... et laisse en paix tes évêques, c'est un "zombie" qui te le dit.