11 mai 2021
Les vieux pots (éloge de nos anciens partis)
Le pitoyable ralliement à Macron de quelques traitres méridionaux affamés de prébendes et de portefeuilles, m'accable. Faut-il donc qu'après avoir liquidé peu ou prou la Gauche, il "reconfigure" la Droite comme un vulgaire ordinateur? Faut-il noyer notre pays dans un gloubiboulga mondialiste et multiculturel sur le modèle anglo-saxon? Faut-il que ce jeune prétentieux qui ne se sent plus pisser nie l'existence d'une culture française et désire à toute force déconstruire notre pays comme notre histoire?
Puissions-nous, au contraire, conserver ces vieux pots où l'on a fait les meilleures soupes (parfois aussi des brouets,certes, car personne n'est parfait). Puissions-nous garder ces notables de province au bon sens rassis et à l'enracinement profond dans leur sol, dont le nom lui-même fait s'élever les lignes douces des paysages de leur terroir, l'odeur de sa cuisine, le chant d'un accent ou d'un patois. Laissez-nous ces conservateurs bon teint qui avancent avec une prudence de sénateurs, qui regardent d'abord avec méfiance les réformes "sociétales qu'on veut leur imposer, puis qui finissent par s'y rallier après avoir bien pesé le pour et le contre et fait la part des choses.
Et de l'autre côté c'est pareil. Ne laissez pas la Gauche à un caractériel instable prêt à tous les reniements et à soutenir sans vergogne les pires ennemis de la République. Ou alors à ces aimables amateurs de fleurs, d'oiseaux et de petits moutons qui se sont transformés en des sortes de savants fous pour qui les villes qu'ils contrôlent sont devenues des laboratoires et leurs habitants des cobayes hallucinés entre pissotières non genrées et végétalisation sans frein. Rendez-nous notre PS, digne héritier de la vieille SFIO. 50 ans, c'est trop court pour la vie d'un parti et les cendres de Mitterrand sont à peine refroidies. Redonnez-nous notre bonne vieille Gauche, celle des Fabius, des Rocard, des Mendès-France (et il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que j'y inclue Guy Mollet...), cette Gauche qui faisait les réformes que les autres avaient traîné à réaliser, qui donnait un peu plus de pain et de rêve aux petites gens. Ce sont eux que nous voulons, les uns ou les autres, mais pas cette espèce de protoplasme informe qui se pliera à tous les désirs de Macron et de ses maîtres.
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