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Causons derechef
5 juillet 2020

Castex, l'inconnu dans la maison

Grâce soit rendue aux fiches Wikipedia, celle de Jean Castex m'a permis de résoudre une énigme. Tout le monde a évoqué son accent gascon, or la ville dont il est maire se situe dans la Roussillon et il n'a pas l'accent rocailleux des Catalans. Prades est en fait une ville d'adoption et il est né dans le Gers à Vic-Fezensac, ce qui sent son mousquetaire et fait chanter son français. Son intégration à la Catalogne française est si parfaite que sa fiche signale comme langues parlées le français et le catalan (pas même la langue de Shakespeare, pour un technocrate c'est fort, à moins qu'il n'ait honte de la parler comme le regretté Jacques Bodouin). Il s'y maria avec une demoiselle Ribelaygue (encore un nom qui chante...). Petit bémol quand-même : en 2017, lors d'une réunion de la communauté de communes Conflent Canigo (on n'est plus chez nous...) qu'il présidait, il fit voter une motion contre la répression par le gouvernement espagnol des manifestations indépendantistes lors du référendum illégal. D'ici à ce que Prades - qui a une tradition d'accueil des réfugiés politiques espagnols - accueille à bras ouverts les sécessionnistes catalans...Souhaitons que sa haute fonction lui donne un peu de sagesse.

  Son origine ressemble presque à une légende républicaine : père instituteur, arrière-grand père forgeron. Toutefois s'insère entre les deux un grand-père sénateur dont l'esprit entreprenant fit, semble-t-il, accéder la famille à la petite bourgeoisie rurale. En tout cas Jean Castex pourrait passer pour un brillant produit de l'école républicaine : licence d'histoire, maîtrise de droit public, ENA...(encore un, direz-vous si vous avez mauvais esprit). Il occupa ensuite des postes dans la haute administration, de la préfectorale aux cabinets ministériels et certains d'entre eux permettent peut-être de mieux connaître un personnage plutôt discret. Il semble d'abord s'intéresser à la politique de santé, puisqu'il a été directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins, directeur de cabinet de Xavier Bertrand, puis conseiller de Sarkozy aux affaires sociales. Puis il bifurque vers le sport en devenant délégué interministériel aux JO, puis en présidant l'Agence nationale du sport. Parallèlement il fait un peu de politique à l'échelon local, ce qui marque de l'ambition mais est aussi une tradition dans le sud-ouest depuis la troisième république.

  Qu'en conclure? Que si Macron avait voulu donner un coup de barre à gauche après Edouard Philippe comme beaucoup l'ont dit, il aurait dû mieux choisir. Quand il était à la Santé, Castex mit en oeuvre le système par objectifs et la rationalisation des coûts dont on sait ce qu'elle signifie. Il a travaillé pour un ministre et un président de droite et a appartenu jusqu'au dernier jour à LR. Éliminons donc cette hypothèse : Macron confirme qu'il est un président de droite qui gouverne grâce à une majorité de droite, qui en doute maintenant? Remarquons, d'autre part, qu'il a exercé ses dernières responsabilités dans le domaine du sport (je ne compte pour rien sa dernière fonction, folklorique, de Grand maître du déconfinement). Je ne vexerai personne, j'espère, en disant qu'on place là des personnes qui ne sont pas des aigles, à l'image des gens pour qui elles travaillent. Le président se serait donc contenté de s'assurer le concours d'un collaborateur dévoué, une sorte de super-conseiller, qui ne lui fera pas d'ombre ni ne contestera ses choix, ce qui était le cas d'Edouard Philippe. Comme François Hollande en rêve maintenant, l'exécutif n'aura plus qu'une seule tête. Pas sûr que dans le cas présent ce soit mieux....

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