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Causons derechef
5 décembre 2017

Génération Hamon, ça vous fait rêver, vous ?

Si j'avais un conseil à donner au Front national, ce serait de ne pas changer de nom, les tentatives des autres partis dans ce sens ont été pour la plupart calamiteuses. Prenons l'exemple de la Droite. Chirac avait trouvé un nom qui faisait sens pour les héritiers de l'UNR (et de l'UDT, il y en a qui se souviennent de l'UDT ?), même si on pourrait le chicaner un peu sur "rassemblement" qui fait un peu militaire et autoritaire. En tout cas ça sonnait bien, en écho avec les partis-pères. Patatras! il a fallu qu'il change le nom en 2002 et choisisse UMP, sigle que beaucoup de gens n'ont pas compris, croyant qu'il signifiait Union pour la Majorité présidentielle, ce qui sentait sa magouille électorale, et non Union pour un Mouvement Populaire dans le droit fil d'un gaullisme populaire qui, hélas, était déjà moribond. On pouvait compter sur Sarkozy pour trouver encore pire, et ce fut Les Républicains. Passons sur la prétention à vouloir incarner à soi seul la République, refoulant les opposants dans une anti-France habitée de fascistes et de totalitaires, passons de même sur l'allégeance à peine voilée aux Américains, mais c'est à la langue française elle-même qu'il s'est attaqué. En effet, pour éviter la confusion entre l'immense majorité des Français qui adhèrent à une forme de régime politique et les militants d'un parti politique, on est obligé d'utiliser systématiquement l'article "Le" pour ce dernier, fût-ce avec une préposition, puisqu'il fait intégralement partie du nom de ce parti (dont l'abréviation est LR), ce qui donne des horreurs pareilles : au congrès de Les Républicains, Tartempion adhère à Les Républicains...Un véritable attentat contre le génie de notre langue ! Je passerai charitablement sur les différentes incarnations du courant démocrate-chrétien qui, depuis Lecanuet (il y en a qui se souviennent de Lecanuet ?) a changé 36 fois de nom, ces bon chrétiens passent leur temps à se scinder et à se baptiser.

  Mais tout ça, ce sont les partis de l'ancien monde, voyons un peu ceux qui vivent déjà dans le futur. On ne peut dire que Macron ait été très inspiré en choisissant le nom du sien (car je n'imagine pas une seconde que quelqu'un ait pu le faire à sa place). La République en marche ! Pourquoi pas, pendant qu'il y était, La République en marche vers un avenir radieux sous la houlette de son guide bien-aimé (LREMVUARSLHDSGB) en abrégé, on aurait pu faire tenir ça sur la largeur des affiches électorales, ou alors, plus court : Celles et ceux qui m'aiment, derrière moi (CECQMADM). Jusqu'alors on s'était contenté d'épithètes politiques, peut-être menteuses mais qui nous étaient familières, voilà qu'il transforme le nom du parti en allégorie avec cette Marianne qui va d'un bon pas. On peut se demander aussi si c'est une simple constatation ou une injonction : La République, en marche ! comme l'Autre disait "Lève-toi et marche!". Mais à moderne moderne et demi, Benoît (appelle-moi Benoît, on est tou.te.s pote.esse.s) a voulu faire mieux. Pas sûr qu'il ait réussi. Il aurait dû imiter la sagesse du parti qu'il a déserté après l'avoir détruit. Celui-ci a gardé depuis 1969 le même nom qui en remplaçait un qui ne signifiait plus rien pour la plupart des gens : SFIO. Cette "section" qui fleurait bon l'internationalisme de papa, mais qui n'avait plus que son sens étroit et militaire, cette "Internationale", mais laquelle? il y en a quatre, et "ouvrière" : à la fin des années 60 déjà il n'y avait plus guère d'ouvriers socialistes. Alors Génération.s, qu'est-ce que ça veut dire ? Il veut faire oublier la génération Q du MJS ? Il espère récupérer l'électorat féminin avec le .s de l'écriture inclusive ? Il fera une politique pour une génération, la sienne, et accessoirement pour les autres ? (je sens qu'on va encore couvrir d'opprobre tous les vieux croûtons de la génération baby boom). Et, à propos de politique, ce mot unique n'en définit pas une, est-il toujours socialiste ? Cela pue la démagogie, ce que confirment ses appels du pied aux féministes et aux jeunes de la diversité. C'est tout sauf rassembleur et d'un vide abyssal. Mon petit Benoît, permets-moi de te le dire, tu as tort de jeter aux chiens comme de vieilles lunes "Républiques", "démocratie", "socialisme", le populo, que tu connais bien mal, ayant vécu successivement dans la tour d'ivoire du MJS et du PS, y est attaché et n'a que mépris pour ta génération d'apparatchiks et d'arrivistes.

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