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Causons derechef
15 avril 2016

Nuit debout partout, gouvernement nulle part !

Joie, pleurs de joie ! Selon les voeux de ses organisateurs (oups, le vilain mot qui est presque une insulte ! Disons les "grands frères") la Nuit debout (je me demande si la marque a été déposée comme "Je suis Charlie") a franchi le périph' et l'évangélisation des masses aliénées et ignorantes de banlieue est en marche. Le mouvement a débuté, qui s'en étonnera, dans la ville de Montreuil qui est une sorte d'excroissance du XIème arrondissement, pré carré de la boboïtude triomphante (toutes ces précisions pour les habitants de Pézenas qui risquent d'être un peu largués). C'était avoir partie gagnée, malheureusement leur tentative s'est transformée en Révolution des parapluies et les troupes se sont vite égaillées (et non "égayées" comme on le lit trop souvent dans le "Monde"...). Depuis d'autres ville se sont soulevées et l'on a entendu le piétinement sourd des foules sur place mêlé à quelques "Montjoie Saint Denis" parfaitement en situation dans les dernières forteresses rouges (eh oui, il en reste...). Militants syndicaux et associatifs, baba-cools élevant leurs poules et d'étranges fleurs dans les jardins ouvriers récupérés, étudiants qui s'ennuient dans les facs reléguées loin de la bibliothèque Sainte-Geneviève, ils se sont tous retrouvés. Seulement tout ça ne fait pas une foule, surtout un soir de début de semaine, surtout que - vous l'aviez remarqué - manquaient cruellement le gros de la population, la jeunesse des "quartiers". Ils étaient un peu plus loin, debout mais appuyés aux murs de leurs HLM, tirant sur leur joint en regardant d'un air goguenard nos grands révolutionnaires. Bon, ça n'est pas gagné. Mais alors, la Province ? Les pères fondateurs du mouvement voyaient déjà celle-ci s'enflammer et de Dunkerque à Perpignan places de village et forums culturo-commerciaux se couvrir de citoyens discutant avec passion de la chose publique et de l'avenir de la jeunesse. Force est de constater que ça traîne et que le retard politique sur la capitale n'a pas été comblé depuis la Révolution.

Faut-il en rester là ? Non, bien sûr. Tout se jouant à Paris dans notre vieux pays jacobin, faisons-y confluer les populations allogènes d'où qu'elles viennent. Et comme on n'attire pas les mouches avec du vinaigre, livrons à la créativité des jeunes de banlieue cette vieillerie en bronze vert-de-grisé qu'est la statue de la République, ils l'auront vite relookée avec des tags expressifs. Promettons leur une sono d'enfer qui fera retentir le martèlement de leur rap jusqu'à Versailles où trembleront les débris de la France réac. Qu'on plante aux quatre coins de la place des arbres à palabres qui leur rappelleront le pays et leur feront oublier les halls de HLM qui sentent la pisse. Laissons les écolos dresser quelques éoliennes symboliques et arracher assez de pavés pour créer des potagers bio et faire pousser cent fleurs. Que des centaines de trains et de cars Macron convergent vers Paris transportant des populations qui, sorties de l'engourdissement provincial, sauront comme les autres discuter à perdre haleine et prendre en main leur destin. Faisons donc une nouvelle fête citoyenne de la Fédération. Évidemment la place de la République ne pourra contenir tout ce beau monde, mais Paris est plein de ressources. Les citoyens se répartiront dans toutes les places au-dessus desquelles la municipalité aura pris soin de tendre un vélum pour les mettre à l'abri des intempéries. On pourrait même imaginer une répartition par familles politiques (après tout les participants actuels des "Nuits debout" semblent partager à peu près les mêmes idéaux) : la République à la Gauche, la Nation à l'extrême-droite, la Concorde aux centristes...Pour la "Belle alliance populaire" et le PS, pas d'hésitation ce sera la place Furstemberg avec son charme et ses trois arbres. Tout cela se déroulera sous l'oeil bénin et approbateur de forces de l'ordre conquises par le climat général. Qu'en adviendra-t-il ? Nul ne peut le dire, mais une chose est sûre : ça ne pourra pas être pire que maintenant.

 

 

 

Commentaires
L
J'admire votre bel optimisme. Mais il paraît, selon la radio, que ça va mieux selon notre cher président à tous. Ce qui signifie qu'il ne va pas se représenter, que le chômage va baisser et l'emploi repartir (ou inversement) et que la jeunesse remplie d'une belle énergie va pouvoir enfin accéder aux plus hautes fonctions telles plombier en chef, chaudronnier titulaire et artisan boulanger avec des horaires de fonctionnaire de la préfecture. Donc, inutile de causer, de parler ni même de refaire le monde et en route sur les radieux chemins de l'avenir du futur.
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