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Causons derechef
17 novembre 2015

Va-t-on encore pouvoir rire des bobos qui ont payé leur tribut aux fanatiques ?

Comme on sait les attentats de vendredi ont frappé au coeur du 11ème arrondissement de Paris, dit Boboland (ils auraient aussi pu frapper des footeux au front bas mais l'incurie de leurs assassins les a sauvés). On a pleuré les victimes, on leur a rendu hommage, opposant un genre de vie tolérant, hédoniste, empreint de culture, au fanatisme barbare de leurs bourreaux mais certains se sont plaints en se disant victimes d'une véritable stigmatisation de la part des "marinistes, rednecks et nouveaux réacs". Peu s'en fallut qu'ils ne rendent cette engeance responsable. Je tiens à vous rassurer : bobos on vous aime et on vous admire.

Le bobo n'aime pas qu'on l'appelle ainsi, il préférerait hipster, c'est plus "mode".

Tous les bobos sont beaux comme en témoignent les photos des victimes postées sur Facebook : pas un vieux ou une vieille, pas un(e) moche.

Dans le bobo, la proportion de bohème s'élève au minimum à 80%.

Le bobo est un festif (on dit comme ça maintenant, "fêtard" c'est ringard). Après le boulot c'est apéro, le vendredi soir c'est concert, le samedi soir fête chez des potes. C'est un mutant qui est capable de tenir une conversation dans les vapeurs de l'alcool, les nuages de shit et le tonnerre des décibels et, debout dans la rue devant son troquet favori, il jongle sans peine avec son demi, son joint et son smartphone.

Le bobo habite un quartier cool, mélangé, mixte, multiculturel, coloré, tu vois ?...Mais, attention, chacun sait rester à sa place : le Pakie à ses fourneaux, l'Arabe dans son épicerie ou sa boulangerie, le Kabyle dans son café, le Chinois dans son boui-boui (le terme est employé par un journaliste de "Libé" : j'ai failli m'étrangler), le Blanc (c'est lui) dans son appartement hausmannien rénové ou son loft aménagé par un copain archi. Il salue son épicier d'un vibrant salam aleikum, son balayeur noir d'un "Alors, chef, ça va ?" et passe sa commande dans sa langue au traiteur vietnamien qui n'en demande pas tant et n'y comprend rien.

Le bobo n'est pas un ramollo, sa devise : "Même pas peur", et si vous le voyez se carapater d'une terrasse de café au bruit d'un pétard c'est qu'il va porter secours aux blessés. 

Le bobo est un créatif : donnez-lui une table à dessin, un ordinateur, un bon paquet de shit et des bières de grandes marques, il vous fera des merveilles.

Le bobo est cultivé : il est incollable sur les différents courants du rock, peut vous réciter in extenso les éditos de Joffrin et a une collection de BD vintage qui fait l'envie de ses potes. Et quand il va au cinéma le film a été recommandé par Télérama ou les Inrocks.

Le bobo est si bien sur les berges du canal Saint-Martin qu'il quitte rarement le XIème arrondissement. Quelquefois afin de prendre l'avion pour New York, L.A. ou pour aller faire son marché flottant à Bangkok, chaque été pour descendre en Ardèche, plus souvent quand ses kids ne sont pas dans le collège du secteur (la mixité il y a un âge pour ça).

Le bobo est hédoniste. Comme Michel Onfray ? Oui, mais rien ne sépare plus que les plaisirs : gastronomie française opposée à la world food, vin aux bières exotiques, philosophie au rock. Pas étonnant que celui-ci soit sur la liste de ses ennemis avec Marine Le Pen.

Le bobo mange bio et pense correct.

En urbain speedé le bobo vit dans un monde d'apocopes : la com', la pub', la zik.

Le bobo ne vieillit pas mais un jour il change de terrasse et de quartier.

Vous êtes le sel de la terre, les génies des terrasses, la quintessence de l'urbanité, vous avez le rythme et les plus belles filles dans la peau. Ah ! si j'étais plus jeune...

 

Commentaires
L
J'en reste baba !
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L
Désolé, mais je ne me vois pas en bobo. Je fus peut-être, sans doute même, un jeune con arrogant comme le sont tous les jeunes gens à cet âge. Mais mon ambition me portait plutôt vers cette "coopération" que l'on appelle aujourd'hui humanitaire. Mais on a l'idéal qu'on peut après tout.
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