Oui, l'Ours russe, celui des caricatures du XIXème siècle qui représentent ainsi la Russie, coiffée tantôt de la couronne du tsar, tantôt de la casquette caractéristique des officiers de son armée. Hélas, ce pays n'a pas changé et on est sidéré par le soutien que la politique de son président reçoit en France. Certains leaders politiques de droite - la honte soit sur eux - le lui apportent au nom d'une indépendance nationale héritée du gaullisme qui n'est plus qu'un mantra, ou en se targuant d'un réalisme politique de misérables boutiquiers qui ne veulent pas perdre un marché (leur âme, ils s'en foutent). Encore plus surprenant l'extrême-droite presque toute entière est devenue poutinienne dans un mélange d'anti-américanisme traditionnel et de défense de valeurs morales qui sont complètement démonétisées en Occident : le mariage entre personnes des deux sexes, l'hétérosexualité comme norme, l'emprise de la religion chrétienne sur la société et l'état. Cet anti-américanisme et la condamnation sans appel de la mondialisation et du libéralisme forcément ultra, on les retrouve à l'extrême-gauche post-communiste et mélenchoniste avec, bien sûr, la nostalgie de l'URSS et une fidélité sans faille au pays de la "Grande Révolution", tout capitaliste, corrompu et bigot qu'il soit devenu. Ajoutons pour faire bonne mesure que la Russie serait un allié dans la lutte contre un danger islamiste dont nous sommes obsédés. On en vient à regretter la disparition de la Russie soviétique qui permettait à la Droite et à l'Extrême-droite de communier dans un anticommunisme de bon aloi alimenté par l'établissement du Rideau de fer et la servitude des pays de l'europe de l'est, mais aussi par Katyn, Budapest, Prague, le goulag...La liste des crimes perpétrés par la Russie et ses dirigeants successifs est longue. Quant à l'extrême-gauche elle devrait se rappeler que socialistes et anars au tournant du siècle condamnaient en termes vifs l'alliance franco-russe avec "le Romanoff dégénéré".

Au lieu de sauter sur leur chaise en aboyant "l'impérialisme américain, l'impérialisme américain" les uns et les autres devraient prendre conscience que s'il y a un impérialisme dangereux c'est bien l'impérialisme russe, qu'à peine privé de son empire colonial est-européen il recommence sa marche en avant : Ossétie, Transnitrie, Crimée, Donbass...Bientôt l'Ukraine au nom d'une soi-disant légitimité historique, si l'Europe ne réagit pas d'une façon ou d'une autre. Un boycott total de ce pays qui ne vit quasiment que de sa rente pétrolière et est profondément corrompu n'est pas inenvisageable. D'ailleurs que ceux qui voudraient faire des affaires avec lui se rappellent les emprunts russes qui ont ruiné nos grands-pères...S'allier avec lui pour combattre l'islamisme ? Quelle blague ! L'un, ne fût-ce que parce qu'il est un état ,est beaucoup plus dangereux que l'autre et c'est un homme-lige de Poutine, le satrape de Tchétchénie, qui a organisé la plus grande manifestation anti-"Charlie" du monde, du moins s'en vanta-t-il. Enfin les "valeurs" que défend le régime de Poutine ne sont pas et n'ont jamais été celles de l'Occident, cet Occident dont les pan-slavistes russes au XIXème siècle rejetaient violemment l'influence  La Russie ne s'est jamais senti européenne et les Russes ont un complexe face à la sophistication et aux raffinements frisant parfois la décadence de notre civilisation. La remise à la mode du concept d'Eurasie défini par Douguine montre bien où ils se situent : il y a derrière eux un immense territoire asiatique mais qui n'est pas celui des grandes civilisations (Chine, inde, empire khmer...), c'est l'Asie de la steppe et du désert où des hordes de cavaliers élèvent des troupeaux en buvant du lait de jument...L'avancée de la civilisation s'est faite dans l'Antiquité d'est en ouest. Ne devrions-nous pas maintenant inverser la mouvement, non seulement bloquer le mouvement de conquête de Poutine mais aller civiliser tous ces Huns et autre Sarmates qui nous menacent ?...