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Causons derechef
12 décembre 2014

Dure condition du cinéphile dans la capitale mondiale du cinéma

Vivre à Paris est un privilège pour qui aime le cinéma car aucune ville au monde n'offre une telle programmation, mais au prix de quelles tribulations ! Le mardi soir on lit dans le "Monde" la critique des films qui vont sortir mais il en manque toujours quelques-uns et on les découvre tous dans "Pariscope" le lendemain matin. 17 sorties cette semaine ! Une densité équivalente à celle des romans de la rentrée littéraire ! Et je ne parle pas là du programme de la cinémathèque et des différentes reprises ou festivals dans les salles d'art et d'essai qui seront l'essentiel de ma provende. On ne peut toutefois se contenter des oeuvres canoniques, des classiques qui ont subi l'épreuve du temps, il faut bien voir comment vont le monde et le cinéma et donc choisir. Alors, comme on est méthodique on commence par éliminer. 2 films sortent dans plus de 20 salles (et il ne s'agit que de Paris intra muros ), premier réflexe : les rejeter comme blockbusters apatrides et bassement commerciaux. Aucune hésitation pour le énième épisode du Hobbit, film fantastique pour enfants de douze ans, mais Timbuktu de Sissako salué par une critique unanime ? En sursis pour les semaines creuses. D'une part la critique m'a eu la semaine dernière en m'envoyant voir le très académique Mr Turner de Mike Leigh, d'autre part ce consensus est politiquement correct puisque tout le monde tombe à bras raccourcis sur l'EI (qu'évidemment je ne défends pas), enfin la bande-annonce laisse supposer que le réalisateur n'échappe pas à ce manichéisme naïf d'un cinéma pas encore sorti de l'enfance (shame on me, on dirait du Guaino...). Voyons maintenant s'il y a d'autres cinéastes connus dans le lot. Ils sont seulement deux (ce qui veut dire treize inconnus de quelqu'un qui va pas mal au cinéma), Jason "Juno" Reitman et notre grand poète Abd Al Malik. Une consultation de la synthèse des critiques sur "Allociné" règle le sort du premier : il a raté son coup. Pour le second la grande question est de savoir si son film est meilleur que La haine de Kassovitz. Aucune envie d'y apporter une réponse. Dans un grand élan éliminons aussi un dessin animé "pour tout-petits" et un thriller français sur ce thème très original : une bande de copains va passer le week end dans une maison de campagne et se fait agresser par des cul-terreux. "Long, très long" écrit le seul critique qui ait eu le courage d'aller le voir (de fait le film fait plus de 2 heures). Ajoutons-y sans barguigner une adaptation de Giselle avec le Royal New Zealand Ballet, rien que cette raison sociale...Voyons maintenant les oeuvres qui viennent de pays exotiques. Un film suédois (la Suède après Bergman est devenue "exotique") sur la drague homo dans les parcs. Je préfère éviter l'humiliation de n'être pas dragué moi-même dans la salle...Deux, l'un géorgien, l'autre roumain, sur les problèmes sociaux de l'après-communisme. Bon, pourquoi pas ? Après tout le cinéma roumain est un des cinémas d'Europe les plus intéressants. Mais on ne connaît pas les réalisateurs et on a un peu l'impression de faire la charité et d'être parfois mal récompensé. Éliminés avec un vif sentiment de culpabilité et un léger regret. Seigneur ! Il en reste encore 7. Deux sortent dans UNE seule salle. Visiblement personne n'y croit, nous n'en parlerons même pas. On voit le bout. Une comédie sur le Père Noël, retenez-moi, je vais vomir. Une autre marocaine : souhaitons au réalisateur beaucoup de succès au bled et espérons qu'il ne nous en voudra pas de s'en dispenser. Un film contre les violences faites aux femmes avec pas même une actrice connue qu'on aimerait voir tabassée, pas commercial. J'allais oublier un film italien sur la délinquance des jeunes bourgeois dont le synopsis nous rappelle que le grand cinéma italien est mort à la fin des années 70 et que Nanni Moretti n'a pas réussi à le sauver. Si vous comptez bien et si je ne me suis pas trompé, il n' en reste qu' un, le seul que je suis allé voir sans hésitation, La belle jeunesse de Jaime Rosales. Pourquoi : une bonne critique bien faite dans le "Monde", mon tropisme pour l'Espagne. Je n'ai pas été déçu : du cinéma social non poisseux et incisifsur la survie quotidienne d'un jeune couple de prolétaires madrilènes, une écriture cinématographique originale et en prime une très belle actrice.

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Commentaires
L
Jean-Louis Fournier écrit dans son dernier opus que l'embarras du choix gâche souvent le plaisir de l'achat. Je constate qu'il en est de même pour le cinéma. En littérature, le choix est plus facile tant ce mot n'est guère utilisable pour de nombreuses parutions. Mais c'est bien connu, à la campagne, on a bien le temps de choisir et pas besoin de se déplacer forcément.
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