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Causons derechef
6 novembre 2014

Emeutes urbaines dans le "Monde" : décodons à pleins tubes

A décodeur, décodeur et demi : quand il s'agit des jeunes et des "quartiers", méfions-nous des informations et analyses du "Monde", par exemple de cet article de Sylvia Zappi sur les violences urbaines à Blois la semaine dernière. Le titre déjà (certains lecteurs n'iront pas plus loin) : "Des affrontements entre des jeunes et la police ont fait deux blessés dans la ZUP". Des "jeunes" donc, pas des "jeunes délinquants" ou de "jeunes voyous", des jeunes en tant que jeunes, comme si la police avait décidé de s'attaquer au futur de la France, de faire la nique au président Hollande qui a décrété que la jeunesse était la "première priorité". Sales réacs de flics ! D'ailleurs ils en ont blessé deux de jeunes. Il faut lire l'article pour apprendre que sept des leurs l'ont été aussi. Le point de départ est classique : un rodéo sur la grand place de la ZUP que les jeunes considèrent comme un terrain de jeux. Cette appropriation d'un espace collectif ne semble pas choquer la journaliste : il faut bien que jeunesse se passe et jette sa gourme. Enfin, au moins les garçons, leurs soeurs aident la maman ou font leurs devoirs. La mécanique, c'est pour les hommes. Ce jeu provoque stridences et pétarades jusqu'à ce qu'UN habitant, visiblement un aigri, un empêcheur de tourner en rond, un qui n'aime pas les jeunes et peut-être, qui sait ? les immigrés, téléphone à la police. A partir de là, c'est l'enchaînement habituel : les policiers arrêtent un jeune en flagrant délit, ses camarades les prennent à partie, ils se dégagent à l'aide de leurs flash-balls et font appel à des renforts ainsi que leurs adversaires et les deux troupes vont s'affronter pendant des heures. Pas de quoi fouetter un chat pour la journaliste qui dresse un bilan : quelques voitures plus un engin de chantier brûlés et tentatives d'incendie de deux écoles et d'un centre culturel. Les gueux prendront le bus pour aller au travail (d'ailleurs un journaliste du "Monde" ne circule qu'en bus ou à Vélib) et les collectivités locales auront à coeur de remplacer ce qui a été détruit par quelque chose d'encore plus beau.

Comment expliquer ce qui s'est passé ? La ZUP a été rénovée (on y a planté quelques arbres et remplacé les hlm gris par des hlm en couleur) et suréquipée : médiathèque, centre culturel, maison de justice et du droit, aires de jeux. Comme si cela suffisait ! La preuve , c'est que sous le maire de droite précédent on n'avait pas tout ça et qu'il n'y avait pas eu d'émeutes aussi graves. Peut-être cet équipement est-il inadapté : trop de culture pour des lascars pleins de sang, pas assez de sport, quant à l'efficacité de la maison de justice, on se pince...Pour éclairer sa lanterne Sylvia Zappi interroge un panel d'habitants bien représentatifs de la diversité telle qu'on la conçoit au "Monde" : Mustapha, Sidi, Ibrahim et Pascal, représentant des institutions en tant que directeur d'une des écoles partiellement brûlées. Tous affirment  que le quartier est tranquille (l'intolérance au bruit doit être une pathologie...) et que les jeunes sont gentils. L'un d'eux précise : "deals, occupation des halls d'immeubles, parties de foot bruyantes, incivilités, intrusions dans les écoles : rien de bien méchant". On est à peine dans l'illégalité : les jeunes font les fous, testent leur force, que les vieux cons passent leur chemin ! Et l'instit lui emboîte le pas : ce sont des gamins dont les parents ne savent pas se faire obéir (les "gamines", elles, ont intérêt à filer doux mais c'est une autre histoire...). Du reste les fauteurs de trouble ne sont qu'une poignée. C'est toujoursce que l'on dit. Moyennant quoi, en quelques minutes ils se sont retrouvés un soixantaine à harceler les policiers. Evidemment on incrimine aussi la Crise qui est en passe de devenir l'explication universelle. Mais alors d'où sortent les quads et mes mini-motos du rodéo ? Sont-ils volés ou ont-ils été achetés avec les bénéfices de l'économie parallèle ? Si ces jeunes sont des délinquants, la police n'a-t-elle pas raison de les traquer ? Si d'autre part ces jeunes ne trouvent pas de travail, ont-ils fait ce qu'ils devaient à l'école pour mettre toutes les chances de leur côté ? C'est moi qui pose la question, pas SZ qui privilégie visiblement l'explication que lui proposent Sidi, responsable du "café culturel" (?) et Ibrahim : les jeunes sont exaspérés par les contrôles des policiers, d'ailleurs certains parmi ceux-ci tiennent des "propos islamophobes" sur leur page Fb. Réflexion intéressante : elle confirme qu'il y a une traque des flics sur Internet et elle entretient la confusion entre islamophobie et racisme anti-arabe. Et l'article se conclut par l'annonce d'une marche des jeunes de la ZUP pour dénoncer les violences policières. La journaliste a remis le monde à l'endroit et pourrait titrer : "Blois se dresse contre les violences policières dans les quartiers : la jeunesse se mobilise.

Commentaires
L
C'est tout de même bien que la jeunesse se mobilise pour réparer les dégâts occasionnés par les débordements des forces de police, non ? Ces charmants gamins si pleins de vitalité, font-ils aussi traverser les vieilles dames aux carrefours ?
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