On n'est jamais longtemps sans entendre parler de Taubira. Peu après le sacquage raté du procureur Falletti elle est une des vedettes du dernier scandale à tiroirs de cette campagne, celui des écoutes de l'avocat de Sarkozy. Après qu'elle eut juré ses grands dieux qu'elle ne savait rien, elle a été assez vite convaincue de mensonge. Mais pourquoi, diable, a-t-elle menti ? Les écoutes d'un avocat sont légales bien que ça ne soit guère compatible avec la protection des justiciables et puisse expliquer la réaction indignée du Barreau. Elle-même avait pondu une circulaire, un jour qu'elle était par hasard place Vendôme, demandant qu'on la tienne au courant des enquêtes visant des personnalités (en toute indépendance des procureurs...). Risquons un crime de lèse-majesté et osons cette hypothèse qui ne lui plaira pas eu égard à son immense vanité : elle l'a fait par bêtise, ce dont témoigne aussi sa défense maladroite : "j'ai pu me tromper sur les dates", digne du fameux "responsable mais pas coupable" de Georgina Dufoix lors de l'affaire du sang contaminé. Elle accrédite ainsi la croyance en un complot fomenté par le PS et Hollande et apporte de l'eau au moulin de Marine Le Pen alors qu'elle est toujours prête à crier au fascisme ou au racisme. De bons apôtres disent que dans cette affaire elle a perdu sa réputation d'honnêteté et d'intégrité. Bel exemple d'usurpation ! Cette femme a navigué d'un parti à l'autre pour satisfaire son ambition qui n'est pas mince. Elle a d'abord été indépendantiste, péché de jeunesse que je ne saurais lui reprocher. Laissons les DOM faire l'expérience du sous-développement si ça leur chante, nous avons remboursé avec usure l'exploitation coloniale et l'esclavagisme et la République n'a plus les moyens d'entretenir des danseuses. Puis elle louvoie entre le radicalo-affairisme façon Tapie, quelques partis éphémères et le PS et trouve son heure de gloire en plaçant Le Pen au 2ème tour de la présidentielle de 2002. Est-elle une bonne ministre ? Elle s'est mise à dos le syndicat majoritaire chez les magistrats qui lui reproche son inaction et l'absence de réformes de fond. C'est maintenant au tour des avocats. Ses rapports ont été "difficiles" avec les directeurs de son administration où elle essaie de placer à toute force ses hommes-liges. On pense à Allègre forcé de démissionner parce qu'il avait suscité l'ire de tout son personnel. Bah, accordons lui le titre de ministre des prisons : jamais celles-ci n'ont été aussi pleines. En désespoir de cause ses partisans brandissent son talent oratoire. Parlons-en...Il faudrait, comme J-F Revel a écrit Le style du Général, étudier celui de Taubira. C'est le triomphe du toc. Elle fait de prolixité vertu, anathématise et vaticine, profère des concepts qui résonnent comme futailles vides. Sa phrase se boursoufle d'épithètes inutiles et de citations si nombreuses de poètes de son terroir qu'elles semblent dissimuler sa propre absence de pensée. Que ses collègues ne voient pas les ficelles de sa rhétorique témoigne de leur inculture et de leur paresse qui leur fait confier leurs discours à des "plumes" serves. C'est ainsi qu'un vilain petit canard semble un aigle.

Si le titre du texte vous étonne, sachez qu'il m'est venu comme ça. En fait je pensais inconsciemment à Pour l'Italie de Revel, ce pamphlet au vitriol sur la société italienne des années 50-60 où l'auteur joue sur l'ambigüité de la préposition et justifie d'autre part sa sévérité par son amour pour ce pays et son peuple. Quelles raisons aurions-nous de ne pas le croire ?